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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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8 mars 2017

L'Hôtel Dubocage de Bléville

Quartier Saint-François (82)L'Hôtel Dubocage de Bléville

 

 

Entre le chevet de l'église Saint-François et la rue du Galet (l'actuelle rue Jérôme Bellarmato), se dresse une superbe bâtisse dont la construction remonte au XVIIe siècle. Connue des Havrais sous le nom d'« Hôtel Dubocage » car elle fut le siège de l'importante maison de négoce Dubocage de Bléville qui possédait 300 navires au milieu du XVIIIe siècle, elle fut, durant la première moitié du XXe siècle, un centre d'accueil pour les veuves de marins, puis, à partir de 1955, le Musée de l'ancien Havre. Aujourd'hui, restauré, réaménagé, le bâtiment abrite un Musée dédié à l'Histoire du Havre et de son port.

Quand cet hôtel particulier, sis au cœur du quartier Saint-François, à l'angle de la rue du Galet (actuelle rue Jérôme Bellarmato) et de la rue du Grand Croissant (actuelle rue de Bretagne), a-t-il été construit ? Et quand Michel-Joseph Dubocage (1676-1727), navigateur, corsaire et négociant havrais, et son fils, prénommé Michel-Joseph lui aussi, en firent-ils l'acquisition ? C'est là encore une question à laquelle nous allons tenter d'apporter quelques éléments de réponse…

On le sait, le quartier Saint-François avait été créé au XVIe siècle par l’architecte italien Jérôme Bellarmato à la demande du Roi François le premier pour répondre à l'accroissement de la population de la ville de Grâce qui avait été édifiée en 1517. Le nouveau quartier s'était rapidement peuplé et il est fort probable que l'espace sur lequel s'élève l'Hôtel Dubocage ait été très tôt occupé par quelque construction. D'ailleurs, n'est-il pas spécifié que les « Dubocage père et fils avaient eux-même acheté entre 1705 et 1739 cinq parcelles toutes loties au même emplacement.1 » ? Cela semble sans équivoque aucune : L'endroit était bel et bien bâti au moment de son acquisition par les Dubocage. D'ailleurs, confirmation supplémentaire s'il en fallait une, le bâtiment en pans de bois essenté d'ardoises qui longe l'ancienne rue du Galet semble bien présenter les caractéristiques d'une construction du XVIIe siècle, selon les spécialistes.

Quant aux dates, « Entre 1705 et 1739 », il faut bien reconnaître que la fourchette est plutôt large et cela laisse la porte ouverte à de nombreuses possibilités. Alors, tournons-nous vers l'Histoire. Que nous dit-elle ? « Michel-Joseph Dubocage (père) naquit au Havre le 28 janvier 1676. Il se décida pour le parti de la mer dès sa jeunesse, devint marin, hardi et habile navigateur… Laissant son épouse enceinte, il partit du Havre, commandant « la Découverte », pour la mer du sud dans les premiers mois de 17072… » On peut déjà tirer une quasi-certitude de la lecture de ce récit : Puisque ce furent les Dubocage père et fils qui firent l'acquisition de ces parcelles de terrain, ce ne put être qu'après le retour du père, en 1716, puisque « ce fut alors qu'il vit pour la première fois son fils âgé de 9 ans3 » Et puis pour que l'Histoire retienne que cet achat fut fait conjointement par le père et le fils, cela ne suppose-t-il pas que ce dernier ait été en âge suffisamment avancé pour ce faire ?Il est donc fort improbable que le sieur Dubocage ait fait l'acquisition de ces cinq parcelles loties avant de partir pour ce grand voyage.

Le navigateur commerçant avait fait son retour dans la cité océane le 23 août 1716, après un voyage de neuf ans, et les cales de son navire, la « Découverte », débordaient de vaisselles d’argent et d’argent brut. C’est donc fortune faite qu'il va sans aucun doute vraiment pouvoir offrir aux siens un certain statut et le luxe qui va avec. Et l'achat de cet hôtel particulier, qui porte aujourd’hui son nom, en était assurément un signe indéniable, tout comme l'acquisition de la seigneurie de Bléville qu'il fera peu de temps après.

Ce sont vraisemblablement les Dubocage qui ont fait construire cette partie du bâtiment qui, du fond de la cour, regarde la rue de Bretagne. Construite en pierres et silex taillés, cette aile de la bâtisse s'élève sur trois étages, et les 13 fenêtres qui s'ouvrent sur sa façade y font entrer généreusement la lumière. À l'arrière de ce bâtiment, seront édifiés les magasins et les bureaux de la grande maison de négoce maritime de la famille Dubocage dont on ne sait si elle survécut à la disparition de Michel-Joseph fils survenue le 16 juin 1756. Dubocage père ayant « par ailleurs repris à Jacques Duval d'Espremesnil l'office de président du grenier et magasin à sel du Havre de Grâce4 »,un grenier à sel avait également été construit sur le site. Il a été démoli au milieu du XXe siècle. Les communs, situés au sud de la cour, ont été détruits dans les bombardements de la seconde guerre mondiale, en 1944.

L'Hôtel Dubocage « avait échappé à la démolition, à cette époque, grâce à l'action du syndicat des Marins de la ville du Havre qui voulait en faire une maison des Marins. », écrit Max Bengtsson qui plus loin ajoute : « Elle fut rachetée par la ville dont M. Génestal était le Maire et M. de Coninck l'adjoint au Maire, sous réserve de son usage pour les œuvres publiques. C'est Monsieur Landrieu, vice-président du bureau de bienfaisance, qui en fit une Maison des Veuves.5 » Dès 1908, la bâtisse accueillit les veuves de marins, le plus souvent chargées de famille, notamment celles des navigateurs de la Compagnie Générale Transatlantique.

En 1955, on y inaugure le Musée de l'ancien Havre. On pouvait y voir au rez-de-chaussée d'intéressantes maquettes, l'une représentant notamment la place d'Armes, et resituant dans leur environnement le logis du Roi, la tour François 1er, l'hôtel de Beauvoir, la porte du Perrey et les remparts. Le Musée de l'ancien Havre, ne répondant plus aux exigences posées par la sécurité des visiteurs, fermera ses portes pour travaux en 2004 et ré-ouvrira à l'automne 2010, entièrement rénové et rebaptisé « Hôtel Dubocage ».

Aujourd'hui, au rez-de-chaussée et à l'étage de la demeure, le public peut déambuler dans des espaces de visite où les collections permanentes côtoient des expositions temporaires liées à l'histoire du Havre, à des grands faits politiques, au négoce maritime, et des collections d'art graphique, de Beaux-Arts et d'arts décoratifs ou techniques.

1) « Saint-François, Port d'attache », Max Bengtsson, 2002.

2) « Biographies des hommes célèbres du Havre », les manuscrits retrouvés de Jacques Augustin Gaillard, Hervé Chabannes, 2006.

3) « Biographies des hommes célèbres du Havre », les manuscrits retrouvés de Jacques Augustin Gaillard, Hervé Chabannes, 2006.

4) « Michel Dubocage, la fortune venue de la mer », Claude Briot, http://www.le-havre-grands-navigateurs-claudebriot.fr

5) « Saint-François, Port d'attache », Max Bengtsson, 2002.

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