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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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25 juin 2023

La Porte Royale

Le Tour du Havre des Émeutiers

XIX – La Porte Royale

 

« L’imposante silhouette de la porte royale, dont la construction, presque achevée, avait été débutée l’année précédente, déchirait le gris du ciel nocturne. Elle se dressait, fantasmagorique, au-dessus de leur tête. Comme un ange protecteur. Ou comme une menace…

Jean-François se tourna vers Jérôme qui avait tenu à être là, malgré tous les efforts qu’il avait déployés pour tenter de l’en dissuader. Quand il avait compris qu’il ne parviendrait pas à le faire revenir sur sa décision, Jean-François s’était finalement résolu à l’accompagner, se refusant à laisser le garçon seul dans une telle entreprise » (Extrait du roman « Les Émeutiers du Grand Quay »).

On se souvient que la mise en œuvre du plan d’agrandissement de la ville et du port de l’ingénieur François Laurent Lamandé avait eu pour conséquence le report des fortifications de la cité de 500 m plus au nord. La construction de cette nouvelle enceinte était l’occasion rêvée de doter la ville de nouvelles portes.

La Porte Royale en 1831, dessin et gravure de Greux (Collection G.H.)

Dès 1788, avait été commencée l’édification de la porte d’Harfleur, qui prendra quelque temps plus tard le nom de « porte Royale ». L’idée était de créer un autre accès que la Chaussée d’Ingouville qui était jusqu’à présent la seule voie carrossable qui permettait d’entrer au Havre par la route.

On avait pris soin de l’aligner sur le quai nord du bassin de la Barre, ce qui devait permettre à l’œil du visiteur de découvrir l’ensemble des deux nouveaux bassins et du port. Elle s’ouvrait par un rond-point sur la chaussée dite « Route Neuve » puis Cours Napoléon (le futur Cours de la République) qui rejoindra plus tard la Route Royale à Tourneville.

 

Panneau Emeutiers 2

 

 En mars 1847, le chemin de fer fait une arrivée remarquée au Havre. L ‘emplacement choisi pour le débarcadère ne doit rien au hasard. Idéalement placé, il permet un accès rapide à la ville aux arrivants en empruntant la porte Royale. Bon nombre de voyageurs débarquant d’un train purent franchir la porte royale d’où ils découvrirent le panorama des bassins de la Barre et du Commerce, prolongé par la place Louis XVI (future place Gambetta). 

 

La Porte Royale au Hâvre, dessinée Léon charles, gravé par Martens (Collection G.H.)

Sa silhouette imposante se dressait haut dans le ciel havrais tel un donjon et il dut souventefois servir de point de repère au voyageur qui cherchait son chemin. Son architecture rappelant un donjon impressionne avec son décor fait de trophées militaires et maritimes. Elle comprenait un corps de garde, un logement et un « violon » (dixit Aline Lemonnier-Mercier). Devant, s’étendait une vaste place que cultivaient les militaires. En dépit de son apparente élégance, elle était apte à assurer la défense de la ville. Ses réserves renfermaient toutes les armes et les munitions nécessaires à faire face aux assauts ennemis.

Malgré les nombreuses représentations qui en ont été faites, fort belles, son utilité n’était pas très grande. Elle satisfaisait néanmoins l’orgueil des Havrais comme en témoignent son appellation « porte Royale », sa forme en arc de triomphe, son décor fait de figures, de faisceaux de drapeaux et d’armes royales.

Vue de la Porte Royale, peinture de Gilbert, gravure de G. Reeve (Collection G.H.)

Cela n’empêcha nullement les railleries de quelques esprits critiques. Ainsi, Philippe Barrey, dans sa contribution aux commémorations du quatrième centenaire de la ville, ironise quelque peu à son sujet : « Quand on l’éleva, on oublia qu’une porte n’a d’utilité que si elle s’ouvre, sur quelque chose. Or, elle ne donnait accès, jusqu’au moment de l’ouverture du cours de la République (la Route-Neuve), en 1829, soit 40 ans plus tard, qu’à un étroit chemin, dit du Corridor, à peu près impraticable aux charrois ».

Joseph Morlent lui-même y allait de son coup de griffe en 1825 : « La porte royale décorée de bas reliefs d’un assez bon style, mais sculptés dans une pierre friable dont chaque jour enlève quelque partie, ressemble très peu à ce qu’elle devait être. C’est une espèce d’arc de triomphe d’une hauteur démesurée, sans profondeur, et plus digne de figurer une décoration de théâtre que sur l’enceinte d’une place forte où elle choque par le mauvais goût qui a présidé à son érection et sa fastueuse inutilité ».

À l’époque de son élévation, la porte Royale marquait la frontière entre Le Havre et le territoire de Graville. Elle se dressait approximativement à l’emplacement de l’actuel World Trade Center.

 

Sources :

« Quand Le Havre avait des portes… », Aline Lemonnier-Mercier, Cahiers Havrais de Recherche Historique N°61, 2003.

« À travers Le Havre d’autrefois », Philippe Barrey, Commémoration du IVe centenaire du Havre, 1916.

« Le Havre ancien et moderne », Joseph Morlent, Chapelle Libraire Éditeur, 1825.

« Le Havre, un port, des villes neuves », Claire Étienne-Steiner, Éditions du Patrimoine, Momum, 2005.

 

 

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Commentaires
H
...à bientôt Gérard ! :-)
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G
Bonjour, Daniel,<br /> <br /> Merci pour ton commentaire.<br /> <br /> Encore un monument dont on aurait peut-être pu faire l'économie de la démolition. L'intégrer dans la ville actuelle n'aurait sans doute pas été très compliqué finalement. Mais, bon, ce qui est fait est fait. On ne peut pas réécrire l'Histoire.<br /> <br /> Bonne vacances et à bientôt, Daniel
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H
Très belle évocation de cette porte Royale !
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