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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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7 mars 2017

L'église Saint-François

 

Quartier Saint-François (50)L'église Saint-François au XXe siècle

 

En 1541, Jérôme Bellarmato, conformément à la mission qui lui avait été confiée par le Roi François 1er, fondait à l’est de la ville de Grâce un nouveau quartier, le second que comptait la cité à cette époque, initialement appelé le quartier « des Barres ».

 

Le Havre Miniature (7)

Rapidement, était apparue la nécessité de doter ce nouveau quartier d’une église, d’autant plus que la seule église Notre-Dame s’avéra bientôt trop petite pour pouvoir accueillir tous les paroissiens d’un Havre dont la population ne cessait de croître. Faut-il pour autant croire l’abbé Cochet lorsqu’il écrit : « L’église Saint-François, c’est l’église de la marine, placée dans une île et entourée de navires, on dirait une nef au milieu des flots. Fille de nos rois qui la cachèrent au fond de la Crique de Grâce, elle fut fondée par François Ier, vers 1542, en l’honneur de son saint patron1. » ? Même si Max Bengtsson, dans « Saint-François, Port d’attache », mentionne la même date pour sa construction, celaapparaît néanmoins quelque peu prématuré. Sans doute fut-elle plutôt mise en chantier aux alentours de 1550. L’abbé Lecomte, qui fut l’auteur d’un ouvrage de référence sur les églises du Havre, se révèle, quant à lui, plus prudent en écrivant : « Il serait difficile de préciser l’année de la fondation de l’église de Saint-François, elle est due à la munificence du roi Henri II, qui monta sur le trône en 1548, et aux pieuses libéralités des citoyens notables de la nouvelle ville de Grâce.2 »

 

Eglise Saint François

Quoi qu’il en soit, cette église était restée longtemps inachevée, n’ayant, au début, ni chœur, ni clocher. La voûte ne fut réalisée qu’en 1601, le chœur édifié en 1671, les murs et les cloches achevés en 1680, et elle ne sera consacrée qu’à la fin du XVIIe siècle. « L’église de Saint-François fut entièrement achevée comme elle est aujourd’hui, écrit M. Biot, choriste, contemporain, en l’année 1687.3 » Pour quelles raisons resta-t-elle si longtemps à l’état embryonnaire ? Certes, les guerres de religions entravèrent probablement un temps l’avancement du chantier. Certes, les temps étant indubitablement difficiles, l’on se trouva sans aucun doute confronté à des problèmes financiers, même si un passage de l’ouvrage de l’abbé Lecomte semble légèrement contredire cette éventualité : « La nouvelle église venait à peine de sortir du sol, sa grande nef, aux belles murailles, n’était pas encore achevée, que déjà les bourgeois et notables du quartier des Barres et de la crique de Percanville, lui osmonnaient des revenus et y fondaient des obits.4 »

 

Quartier Saint-François (56)

Durant trois siècles, Saint-François ne fut qu’une simple chapelle dépendant de la cure de Saint-Michel d’Ingouville. Un simple vicaire y officiait et cette situation perdurera jusqu’à la Révolution de 1789. À cette époque, elle fut transformée en club avant de servir de fabrique de salpêtre. Comment s’étonner dès lors qu’elle fut dans un état épouvantable ? « Par suite des ravages de la révolution, l’église Saint-François, comme toutes les églises de France à cette époque de désastreuse mémoire, se trouvait dans le plus déplorable dénuement. Avant le concordat il y eut quelques moments de répit, et les prêtres constitutionnels qui officiaient à Saint-François s’efforcèrent d’en déblayer les ruines. Au moyen de quelques acquisitions, faites à la vente du mobilier des Capucins d’Honfleur, on mit dans notre église divers ornements et quelques tableaux.5 ». L’intérieur ressemblait à une grange, la voûte n’était plus qu’un plafond de planches disjointes, les murs des chapelles étaient à nu, le carrelage du sol avait totalement été détruit, et les vitraux étaient cassés. C’est pourtant à dater de la Révolution que l’église, annexe de celle d’Ingouville, devint église à part entière. En 1793, sur l’emplacement de l’ancien cimetière de la place Saint-François, fut institué un marché qui, hélas, ne durera que quelques années.

 

Quartier Saint-François (54)

Il faudra attendre le XIXe siècle pour que soient entrepris des travaux de rénovation. En 1802, l’architecte Bouvard dresse les plans et élévations du projet de restauration de l’église, couverture, charpente et plafond, vitrage en plomb et construction d’une sacristie à l’est du bas-côté nord. En 1806, les chapelles latérales nord qui avaient chacune leur toiture sont couvertes d’une toiture unique. En 1831, fut refaite la voûte. En 1838, on restaura les chapelles, on y mit des autels, des tableaux et des lambris. La façade occidentale est reconstruite en 1841 par l’architecte de la ville Charles-Fortuné Brunet-Debaines, un porche de trois travées surmonté d’un clocher remplace la tour porche surmontée d’une flèche carrée à clochetons. « L’ancien clocher ne fut jamais qu’une œuvre avortée et provisoire, témoigne Joseph morlent, on l’a démoli en 1841. Saint-François n’avait plus alors ni portail ni clocher : on a voulu d’un seul coup, et par une même combinaison lui donner l’un et l’autre. Il en est résulté une façade correcte et régulière, mais froide et compassée comme les constructions de l’empire. On a jeté au-dessus de cette œuvre classique, a dit l’historien des églises de l’arrondissement, un petit corps carré qui finit brusquement, et qui n’a certes ni la légèreté, ni l’élancement de nos vieilles flèches d’ardoise.6 »

La fontaine avait été conservée. En 1842, on repava le chœur et, en 1843, on pava l’église en belles et bonnes dalles. La même année 1843, on fit le mur en granit et la grille en fer qui entourent le cimetière. En 1845, Brunet-Debaines avait dressé les plans et élévation des porches latéraux, l’un étant destiné à abriter l’horloge. D’autres travaux se poursuivirent jusqu’en avril 1847, date à laquelle fut achevée cette restauration.

 

Quartier Saint-François (55)

L’église fut gravement endommagée lors du bombardement du 5 septembre 1944. Le père Arson, homme d’Église qui y accomplit une œuvre considérable, en a décrit les dégâts considérables : « L’église est découverte, les ardoises volées, l’intérieur de l’église est un vrai lac.7 » En 1950, le chantier de restauration battait son plein et les tailleurs de pierre sont à l’ouvrage pour panser les cicatrices laissées par les bombes. Un rapport de l’architecte Henri Gastaldi mentionne que « les travaux de restauration ont consisté en la démolition du porche et du clocher, et en la reconstruction de ces éléments de pierre8 ». En 1958, les travaux de réfection sont achevés pour l’essentiel et, à la finale, les cinq chapelles latérales, restaurées, ont été bénies en 1989.

Dernier point de détail qui ne vous paraîtra sans doute pas essentiel, mais que je vous livre néanmoins : Plusieurs curés, vicaires ou choristes de l’église Saint-François se sont également révélés d’ardents zélateurs de l’histoire du Havre et de son patrimoine. Ce fut le cas notamment de Pierre Biot, de Jean-Baptiste-Désiré Cochet, de Jean-Baptiste Lecomte, ou encore de Jean-Baptiste de Clieu…

1) « Les églises de l’arrondissement du Havre », Jean-Benoît-Désiré Cochet, 1846.

2) « Messire de Clieu, les églises et le clergé de la ville du Havre-de-Grâce », Abbé Lecomte, 1851.

3) « Messire de Clieu, les églises et le clergé de la ville du Havre-de-Grâce », Abbé Lecomte, 1851.

4) « Messire de Clieu, les églises et le clergé de la ville du Havre-de-Grâce », Abbé Lecomte, 1851.

5) « Messire de Clieu, les églises et le clergé de la ville du Havre-de-Grâce », Abbé Lecomte, 1851.

6) « Le Havre en miniatures », Joseph Morlent, 1853.

7) « Saint-François, Port d’attache », Max Bengtsson, 2002.

8) « Saint-François, Port d’attache », Max Bengtsson, 2002.

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Commentaires
T
Louis Boucard, architecte de la ville du Havre.
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