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Il était un Havre
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  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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11 avril 2024

Le château de Graville (2ème partie)

 

Le tour du Havre des émeutiers

Le château de Graville (2ème partie)


 

Autrefois, la seigneurie de Graville étendait ses ailes, et ses griffes, très loin à l’intérieur du pays de Caux. Un vaste domaine qui incluait les territoires de Frileuse et de la Mare-aux-Clercs, et étaient bornées, dans la plaine, à l’est par les territoires de Harfleur et de Gonfreville-l’Orcher, et, le long de la côte, par les territoires d’Ingouville, de Sanvic et de Chef-de-Caux. Il ne faut donc pas s’étonner que les patrons de ce territoire aient mis à profit les avantages que leur offrait la position élevée du plateau de Frileuse qui domine l’estuaire et la plaine pour implanter un poste d’observation en ce lieu offrant aux guetteurs un extraordinaire point de vue panoramique. C’était probablement, en quelque sorte, une tour, une vigie, un poste de guet, une partie intégrante du château permettant de donner en cas de danger imminent l’alerte à ses occupants. Un prolongement essentiel à la sécurité de la plaine de Graville et de l’estuaire de la Seine. Et si, comme ont pu le remarquer ceux qui se sont rendus sur ce site, l’édifice ne se situait pas très exactement à l’aplomb du château de Graville, c’est très vraisemblablement parce que ceux qui l’édifièrent choisirent avec soin l’emplacement qui offrait le meilleur poste de vigie sur la mer, l’estuaire, le fleuve et la plaine.

La motte féodale d’Aplemont en bordure de la rue Pablo Neruda (Photo G.H.).

Celle qui fut successivement baptisée « Motte féodale des Hallates », « Motte de la vieille tour », ou encore « Motte Totinel », figure bien sur des anciens plans de la ville et des environs, ce qui tend à prouver que, jusqu’à une certaine époque, non seulement elle était encore visible et identifiable, mais elle bénéficiait encore d’une notoriété pour se voir identifier en toutes lettres sur les cartes et plans du Havre et de sa banlieue.

 

Sur le plan géométrique du Havre, Harfleur, Montivillier et des environs de Nicolas Magin, daté 16../17.., dont on peut raisonnablement estimé qu’il fut réalisé à la charnière du XVIIe et du XVIIIe siècles, elle apparaît, sous le nom de Motte Totinel, sous la forme d’un cercle double, entre l’ancienne sente des Ormeaux, future rue de l’Abbaye et le rebord de la falaise. Sur la Carte du Havre et des environs produite par le même Nicolas Magin en 1713, elle apparaît toujours, sous la même forme et dans le même environnement, mais cette fois sous le nom de Masse Totinel. Et sur le Plan du Havre et des environs de Jacques-Nicolas Belin, daté de 1764, on a le sentiment qu’elle commence à s’effacer doucement du paysage. En effet, elle n’est plus représentée graphiquement, mais mentionnée simplement comme Motte.

Détail du plan géométrique du Havre, Harfleur, Montiviller et des environs de Nicolas Magin (1663-1742), source BNF/gallica.

« Le seul vestige « féodal » rappelant aujourd’hui le souvenir des Malet de Graville, écrit Jacques Le Maho dans une communication publiée dans l’opus de 2018 des Cahiers Havrais de Recherche Historique, est la motte encore partiellement visible dans le quartier d’Aplemont, sur le rebord du plateau (Rue Pablo-Néruda). Haut de 3 à 4 mètres, ce tertre artificiel d’une trentaine de mètres de diamètre était autrefois, d’après la description d’Emmanuel Gaillard en 1832, séparée du plateau par un fossé et surmontée d’une levée de terre en arc de cercle vers le nord… La fonction de ce type d’ouvrage était de porter une tour d’observation en bois, ce que pourrait rappeler le nom de « vieille tour » parfois donné à la motte… La situation de l’ouvrage, sur une corniche offrant une vue imprenable sur toute la baie de la Seine, élargissait considérablement l’horizon de commandement du château.

 

En l’an 2000, un habitant très investi dans la vie du quartier d’Aplemont, Serge Launay, redécouvrait les vestiges de cette tour de contrôle médiévale à la jonction des actuelles rues Pablo-Neruda et Dal-Piaz. Le site, fouillé par l’archéologue du Muséum d’Histoire Naturelle Jean-Pierre Watté, allait révéler les restes de cette motte féodale qui assista vraisemblablement, jadis, du haut de sa corniche, à la naissance du Havre. Bien qu’amputée d’une partie de surface par le percement de la rue Pablo Picasso dans les années 1970, la motte telle qu’elle nous est parvenue, nous permet de nous faire une idée assez précise de son aspect et de sa fonction initiaux.

La reconstitution en image de la motte féodale d’Aplemont (Photo G.H.).

Mais quittons les hauteurs de Frileuse et redescendons la morte-falaise pour retrouver le château-fort de Graville.

 

Délaissé très tôt par ses propriétaires, le château ne fut bientôt plus que l’ombre de lui-même, inhabité à l’aube du XVIe siècle, et ne tarda guère à devenir un amas de ruines, comme en témoigne, en 1602, le dénombrement de la seigneurie de Graville : « En dehors de la motte, demeure entière la grange du dit lieu. Au pied du château est une moyenne et grande cour plantée d’arbres fruitiers, pommiers et poiriers, où il y a un vaste bâtiment antique à un bout duquel est une maison seulement propre à loger le fermier qui tient ce château et les terres en dépendant. », rapporte Alphonse Martin, reprenant les termes de ce dénombrement de 1602. Et, quelques lignes plus loin, on peut lire, toujours selon ce dénombrement : « Il existe motte environnée d’eau en partie sur laquelle sont les anciennes ruynes du chasteau de Graville ne restant aucuns bastiments d’icelle, synon en dehors d’icelle et encore demeure entière, la grange du dit lieu ».

La place de la Médaille Militaire. Est-ce là que s’élevait autrefois le château-fort de Graville ? (Photo G.H.).

Si Marie Lemasson Le Golf rapporte dans ses annales du Havre que, deux ans avant les événements que l’on connaît et qui devaient révolutionner le pays, les vestiges de l’ancien château des Malet avaient été arasés : « En juin 1787 on détruit les ruines du château de Graville dont les pierres et les cailloux doivent servir au premier regard de la fontaine que l’on commence sur cette paroisse pour amener l’eau au Havre. », Louis-Augustin Pinel semble, tout au contraire, indiquer qu’en 1824, dans ses « Essais sur l’histoire du Havre », il en restait un petit quelque chose : « Au pied de la côte, est la place ou butte sur laquelle était un château très fort, entouré de tours et d’un fossé large et profond, dans lequel coule un ruisseau qui s’échappe de la côte. Vers le milieu du siècle dernier, existaient encore les restes d’un donjon et des tours qui furent achevées de démolir pour former avec les déblais la route du Havre à Rouen ».

 

Il semble cependant bien qu’un siècle plus tard, il en restait encore un petit quelque chose, puisqu’Ernest Dumont a consigné dans son journal à la date du 7 décembre 1862 une visite des lieux, dont sont extraits ces quelques lignes : « II y a des jardins, des grandes buttes de gazon, des chalets et un étang. Nous vîmes de grands restes de murailles du château de Graville, à l’extrémité desquels est une espèce de niche. Nous gravîmes la motte féodale et, en la redescendant, de l’autre côté en face de l’étang, nous découvrîmes une ruine du château, comme une sorte de souterrain où l’on descendait par une échelle appliquée à l’intérieur. J’y descendis, Vannier me suivit, mais nous vîmes que ce n’était qu’une » excavation de trois à quatre mètres de profondeur ». En 1869, c’est au tour d’Albert Naef de constater sur place, lors de l’arasement de la motte, l’existence des vestiges d’un mur d’enceinte de forme quadrangulaire, laquelle enceinte comportait apparemment, selon ses dires, une tour ronde à chaque angle.

À l’est de la place de la Médaille Militaire, la rue du Château rappelle au passant qu’ici s’élevait autrefois un château-fort (Photo G.H.).

Et l’arasement de la motte féodale n’avait pas encore, semble-t-il, fait disparaître toute trace du château puisque Charles Roessler, pour sa part, quand, le 30 novembre 1876, il évoque devant la Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure la visite qu’il a faite, rapporte : « A quelques pas de l’éminence boisée qui découvre les débris de l’ancien château de Graville, on a retrouvé, du côté de la Seine, le mur du fossé autrefois alimenté par un lit de la Lézarde. Du côté de l’abbaye, les fondations ont été mises à nu ; elles sont parsemées de silex noir et flanquées d’énormes contreforts dont le plus gros, voisin du pont dormant actuel, a la forme d’une tour polygonale. Une autre tour, qui devait être très-haute, si l’on peut en croire un petit croquis à la plume conservé à Montivilliers (à l’intérieur de la reliure d’un ancien ouvrage d’astrologie de la bibliothèque), a laissé voir un escalier en larges dalles et une meurtrière gothique ».


 


 

Sources :

« Le château-fort de Graville », Alphonse Martin, Recueil des publications de la Société Havraise d’Études
Diverses, 1922.

« Le Havre ancien et moderne et son environnement », tome 2, Joseph Morlent, 1825.

« Le Havre au jour le jour de 1778 à 1790 », Marie Le Masson Le Golft, Éditions Philippe Manneville, Rouen, Société de l’histoire de Normandie, 1999.

« Essais archéologiques, historiques et physiques sur les environs du Havre », Louis-Augustin Pinel, 1824.

« Découvertes faites à Graville-Sainte-Honorine », Charles Roessler, Bulletin de la Commission des antiquités de la

« Rapport au Roi sur l’enquête ordonnée pour évaluer l’indemnité due aux héritiers de Louis de Vendôme pour la

prise de possession des terrains à eux appartenants, sur lesquefs ont été élevées les fortifications et ville du Havre », Documents relatifs à la fondation du Havre, Stéphano de Merval, 1875.

« L’apparition des seigneuries châtelaines dans le Grand-Caux à l’époque ducale », Archéologie médiévale, tome 6, Jacques. Le Maho, 1976.

« Graville dans les 1ers siècles du Moyen-âge », Jacques Le Maho, Cahiers Havrais de Recherche Historique N° 76, 2018.

« Graville ancien et moderne », Alphonse Martin, Recueil des publications de la Société havraise d’études diverses, 1913.

Les trois cartes et plans citées dans le troisième paragraphe ont pour source le site https://gallica.bnf.fr. et sont visibles sur ce même site.


 


 

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Commentaires
D
Bonsoir Gérard,<br /> Peut-être pourrais-tu assombrir le gris (l'idéal c'est le # 333333) afin d’avoir un contraste plus vif avec la police de caractère. Sinon ne change pas autre chose c’est très bien ainsi et même si tu plaisantes moi je te donne 20/20 !
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D
y'a pas à dire, c'est beaucoup plus lisible ainsi !
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G
Bonjour, Daniel, <br /> Merci pour ton message.<br /> Ai-je été un bon élève ? Aurai-je une bonne note ?<br /> Non, je plaisante. Plus concrètement, que puis-je faire de plus pour l'améliorer selon toi ? La colonne de gauche ne devrait-elle pas être d'un gris différent de la zone principale ? Légèrement plus foncé ou plus clair ?<br /> Merci encore pour tes précieux conseils et merci d'avance pour ta réponse. Bonne journée, Daniel. <br /> Non, je plaisante. Plus concrètement, que puis-je faire de plus pour l'améliorer selon toi
D
Bonjour Gérard, <br /> Au sujet du château de Graville il existe dans l’abbaye du même nom un plan où il figure. Il se situerait aujourd’hui entre les rues Jean Maridor et René Gandon. <br /> PS le fond gris-bleu est trop clair, les lettres blanches ressortent mal sur ce fond. De plus la couleur jaune ne ressort pas du tout sur certain appareil. Mais on en reparle chez-moi si tu le souhaite.
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G
Bonjour, Daniel,<br /> Merci pour ton message.<br /> J'ai bien noté tes remarques et je suis en train d'essayer de remédier à tous ces défauts dont je suis parfaitement conscient.<br /> J'ai commencé à faire ces modifications car je me suis aperçu que l'ensemble était parfaitement illisible sur l'écran d'un téléphone portable. Hors, aujourd'hui, beaucoup de monde consulte le blog de cette façon.<br /> Concernant le rendez-vous que tu m'as proposé, demain et après-demain ne me seront pas possible. Par contre, cela le serait vendredi après-midi vers 15 heures, à moins que cela te pose un problème. Dis-moi si cela t'est possible ou non.<br /> Bonne fin de journée, Daniel, et à bientôt de se voir.
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