Mais où est donc Caracotinum ?
Suite à un précédent billet sur l’Histoire de la ville d’Harfleur publié sur le blog, un lecteur me rappelait qu’il est généralement admis qu’Harfleur s'appelait durant l'antiquité Caracotinum. C’est l’occasion pour moi de bouleverser (très légèrement) le petit programme de publications que je m’étais fixé pour le blog pour évoquer ce lointain passé…
En tout état de cause, qu’aurions-nous su de Caracotinum, si l’Itinerarium Antonini Augusti, plus communément connu sous le nom d’Itinéraire d’Antonin n’avait pas traversé les siècles pour venir nous enseigner son existence ? Peut-être, sans doute même, nous serait-elle demeurée inconnue à jamais. Car c’est bel et bien, à notre connaissance, le seul et unique document à en évoquer le souvenir.
Cet antique manuscrit, dont les origines pourraient remonter au IIIe siècle de notre ère, est une sorte de livret de voyage à usage militaire (Le tourisme, à l’époque du grand Jules, n’était pas encore à la mode) divisé en deux parties. La première de ces parties, Itinerarium provinciarum, la plus importante, répertorie les routes terrestres de l’Empire romain, indiquant les principales stations qui les jalonnent. En outre, elle nous renseigne sur les distances qui séparent entre elles ces différentes localités. La seconde partie, Itinerarium maritimum, concerne les routes maritimes de l’Empire.
Mais où était donc Caracotinum ? Où se situait-elle précisément ? S’agit-il, ou pas, du site où César avait établi un arsenal et des chantiers de construction à l’entrée du fleuve Séquanas (la Seine) en vue de ses expéditions vers l’Angleterre, comme nous le révèle Strabon dans son livre IV ?
Alors, où convient-il de le situer précisément ? À Graville comme ont cru le voir l’abbé Belley et Louis-Augustin Pinel ? À Étretat ou au Crotoy, comme d’autres, plus audacieux, l’ont prétendu ? À Harfleur, comme l’affirme Léon Fallue qui, certes, ne manque pas d’arguments pour étayer sa thèse ? Ou ailleurs ? …
Les vestiges de l’occupation romaine et de la cohabitation gallo-romaine sont particulièrement nombreux à Harfleur et autour de la ville : Côte de saint-Aubin (Routot ?), Côte des Busquets, Mont-Cabert, Notre-Dame des Bois, Saint-Dignefort… Cela indique sans guère de doute, selon Léon Fallue, « que la cité antique devait avoir trois fois plus d’étendue que la ville (d’Harfleur) actuelle ».
Le premier, l’Archéologue et Historien Emmanuel-Pierre Gaillard évoque en 1832 la probabilité d’un Caracotinum sensiblement différent du Harfleur moyenâgeux.
L’abbé Cochet, célèbre archéologue et préhistorien havrais, sanvicais même pour être plus précis, lui emboîta le pas (au propre comme au figuré) et, s’appuyant sur les travaux de l’antiquaire(1) Léon Fallue et assurément sur les siens propres, il apporta sur le site jadis occupé par Caracotinumun un très intéressant éclairage dans cette communication qui parut en 1864 dans le recueil des Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, que je vous propose de télécharger en suivant le lien ci-dessous :
1) C’est sous ce nom que, jusqu’au XIXe siècle, on désignait les archéologues.