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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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19 juillet 2020

La Grande Rue saint-Michel

12-06 La rue de Paris

 

 

 

Les premières rues du quartier Notre-Dame, nous apprennent les livres d’Histoire du Havre, suivaient naturellement le tracé des chemins qui traversaient les marais menant du bourg d’Ingouville à la crique de Grâce. Toutefois, contrairement à l’idée généralement admise et à ce que j’ai pu écrire par ailleurs, la Grande Rue saint-Michel (future rue de Paris) n’était sans doute pas vraiment l’une de ces voies empruntant le cheminement « naturel » d’un de ces sentiers qui serpentaient jadis dans les marais de la plaine d’Ingouville. On en prend d’ailleurs conscience lorsque l'on se rend compte que, partant de la porte d’Ingouville, elle allait en droite ligne, bien trop rectiligne pour être naturelle, jusqu’à la place d’Armes, et jusqu’au port. Et, pour conforter cette opinion, il nous suffit d’ouvrir l’ouvrage de Claire Etienne Steiner « Le Havre, un port, des villes neuves » à la page 42 pour y lire : « Au centre, l’ancien chemin d’Ingouville reste courbe, mais prend le nom de rue de Sainte-Adresse (Estimauville), car il est doublé à l’est d’une nouvelle voie reliée au chemin d’Ingouville par un pont franchissant le fossé de la ville. Cette rue Saint-Michel (de Paris), plus large et tracée en ligne droite, constitue ainsi l’épine dorsale de la ville ».

Voilà pour ce qui est du constat d’une réalité historique qui apparaîtra peut-être à un certain nombre d’entre vous comme un détail, une broutille, mais qu’il me paraissait important de mettre au clair. Il n’en reste pas moins que la Grande Rue saint-Michel, devenue rue de Paris en 1793, occupa une place indéniablement primordiale dans l’Histoire de la cité à un point tel que cela fit écrire à Charles Vesque dans son « Histoire des rues du Havre » que « S’il nous fallait rapporter tous les faits historiques dont la rue de Paris fut le témoin, il nous faudrait écrire l’Histoire complète de la ville ».

Assez vite, la rue Saint-Michel devint l’axe principal de la cité océane. Nonobstant la volonté affichée par du Chillou, puis par Bellarmato, d’en faire la colonne vertébrale de la ville, cela semble s’être imposée de façon naturelle. Comme une évidence. Parce qu’elle était sans doute, malgré tous ses défauts, de loin la plus commode, la plus large, la plus lumineuse. Et parce que, tout simplement, elle conduisait au port, aux quais, à la mer, et c’était là que se situait l’essentiel des activités de ce temps. Rapidement, elle devint la rue la plus fréquentée, la plus animée, celle où s’établirent nombre de commerces, d’hôtels, d’auberges, de messageries. C’est là qu’on éleva l’église Notre-Dame où se retrouvaient les Havrais pour assister aux offices, la place de Canibale (vieux-Marché) où se tenaient les marchés hebdomadaires, lequels, faute de place, débordaient régulièrement sur la rue de Paris.

 

32 Rue de paris illuminée

François 1er, Henri II, Henri III, Henri IV, Louis XV et Louis XVI, Louis-Philippe la foulèrent de leurs majestueux souliers... C’est le chemin qu’empruntèrent les cortèges royaux pour se rendre à l’Hôtel de Ville après avoir franchi la porte d’Ingouville. Et à chaque grande occasion, on y donnait des banquets. Des tables étaient dressées de chaque côté et d’un bout à l’autre de la rue, où prenaient place jusqu’à 3 000 invités parfois, autorités, membres du clergé, de la garde nationale, de l’armée et habitants…

Signe manifeste s’il en est de sa place prépondérante au cœur de la cité, elle sera, en 1715, la seule rue de la ville à être pavée de grès, les autres voies devant se contenter d’un recouvrement de cailloux. Toutefois, la principale artère du Havre ne brillait guère par sa grâce et son élégance. Les constructions s’y étaient faites de façon anarchique, sans véritable plan d’ensemble, sans aucun souci d’esthétisme. Comme partout dans la ville, pour pallier au cruel manque de place qui se faisait plus criant de jour en jour, les immeubles avaient été surélevés de deux ou trois étages. Leurs façades disparates et mal entretenues étaient d’un si mauvais effet qu’à l’occasion de la visite de Louis XV en 1749, on les couvre de portiques décoratifs qui lui confèrent de façon éphémère un bien meilleur aspect.

 

 

Visite Louis-Philippe

Le cœur du Havre battait alors au rythme de la rue de Paris. Les nombreux commerces qui la jalonnaient, les plus modernes, les mieux achalandés, n’étaient assurément pas étrangers à cet intérêt de longue date. Le bureau des « Messageries Royales » dont la diligence avait, le 16 ou le 17 juillet 1789, apporté aux Havrais la nouvelle de la prise de la Bastille, s’y était installé juste en face de l’église Notre-Dame. Les hôtels y faisaient florès, notamment « L’Aigle d’Or », connu pour être le plus ancien de la place.

À l’extrémité de la rue de Paris, du côté de l’avant-port, un immeuble caractéristique, point de rencontre de la rue de Paris et de la rue d’Estimauville, était bien connu des Havrais qui l’avaient familièrement rebaptisé le « Bout Rond ». C’était incontestablement un haut lieu de la vie locale et c’est sous ce nom qu’il est resté dans bien des mémoires. Même s’il a pris au cours du temps moult formes et abrité des commerces différents, sa présence est attestée très tôt sur les gravures anciennes sur lesquelles il apparaît.

Rasés lors des bombardements de septembre 1944, ses immeubles furent reconstruits par les équipes des ateliers Auguste Perret. Toutefois, les architectes de la reconstruction l’ont sensiblement déportée vers l’ouest. Cela saute aux yeux lorsque l’on compare des photos de l’église-cathédrale Notre-Dame. On voit alors que le parvis, aujourd’hui devant la cathédrale, n’existait pas et que la rue de Paris passait au droit de l’église.

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