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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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11 mai 2017

Les 3 églises Saint-Michel

 

Rue Thiers et église saint-MichelLa rue Thiers et l'église Saint-Michel au début du XXe siècle

 

 

Nous avons déjà évoqué cette petite église accrochée aux flancs de la Côte dont Alphonse Martin faisait en 1883 la description suivante : « Au-dessus de la plaine, c’est-à-dire au milieu des bois et joncs marins, s’élevait, au XVIe siècle, la modeste église de Saint-Michel d’Ingouville, que nous voyons encore aujourd’hui. C’était là le siège de la paroisse, le lieu de réunion des habitants pour toutes leurs assemblées.1 ».

L’ancienne église Saint-Michel, qui se dresse de nos jours encore à mi-côte, dans un virage de l’ancienne route de Montivilliers, l’actuelle rue Georges Lafaurie, était encore, en 1822, l’église paroissiale d’Ingouville, et jusqu’en 1791, elle fut l’église métropole du Havre, et, à ce titre, elle avait en charge administrative les églises Notre-Dame et Saint-François qui lui étaient subordonnées.

Mais, au début du XIXe siècle, en dépit des travaux entrepris, souvent dans l’urgence, pour la maintenir en état, elle apparaissait de plus en plus désuète et, surtout, elle était trop petite désormais pour pouvoir accueillir le nombre sans cesse croissant de paroissiens qui, travaillant au Havre mais n’ayant point les moyens d’y loger, venaient, de plus en plus nombreux, habiter à Ingouville qui faisait de plus en plus figure de faubourg de la grande cité voisine. Alors, en 1838, lui fut retiré, sans autre forme de procès, son statut d’église paroissiale au profit de l’église des Pénitents, un édifice plus grand, plus accessible, à la croisée des chemins entre le Havre et Ingouville. De l’ancienne église, devenue chapelle, de ses murailles nues et de son enceinte vide, l’abbé Jean Benoît Désiré Cochet se faisait lyrique pour écrire en 1846 : « Elle ressemble maintenant à un tombeau qui porte le deuil du passé. C’est un vieillard laissé là, sur le chemin, pour raconter aux générations nouvelles, l’histoire des générations éteintes.2 »

Mais ce transfert de « compétence » de l’ancienne église d’Ingouville à celle des Pénitents n’était pas une première. Il s’était déjà opéré en 1759 lorsque Le Havre avait subi les bombardements de la flotte ennemie au cours du conflit qui opposait la France à l’Angleterre. Durant cette période de troubles, la chapelle Saint-Roch et l’église paroissiale d’Ingouville servirent de réserves de poudre et de munitions. Afin que les paroissiens ne soient pas privés d’offices religieux, il fut décidé que l’église des Pénitents servirait au culte et les assemblées des paroissiens se tiendraient dans la salle capitulaire du couvent. « Ainsi, le 18 mars 1759, une réunion avait été convoquée dans le Chapitre des R. P. Pénitents, dont l’église est paroissiale depuis que l’église de Saint-Michel a été prise par ordre du roi pour servir d’emplacement aux poudres du corps royal d’artillerie.3 », écrivait Alphonse Martin en 1883 dans un ouvrage consacré à l’Histoire de Leure et d’Ingouville.

L’église-chapelle Saint-Michel ne fut pas épargnée par les bombardements de 1944 qui l’avaient gravement endommagée. Les travaux de restauration entrepris en 1946 ont permis de mettre au jour des chapiteaux, vestiges de l’église primitive, que les experts purent dater de la seconde moitié du XIe siècle.

Descendons à présent la « Côte » jusqu’à l’emplacement où s’élevait l’église des Pénitents, devenue au début du XIXe siècle l’église paroissiale d’Ingouville, reprenant à son compte le vocable de « Saint-Michel ».

C’est au milieu du XVIIe siècle que les Pénitents du tiers ordre de Saint-François, dont la congrégation était établie à Paris, rue de Picpus, avaient obtenu par lettres patentes du Roi l’autorisation d’installer plusieurs couvents en Normandie. Le seigneur de Graville, en 1660, les avait autorisés à venir s’établir à Ingouville sur sa juridiction. En dépit de la forte opposition des échevins du Havre, des habitants d’Ingouville et d’Harfleur, qui craignaient que le futur couvent ne soit à la charge des habitants, la publication des lettres patentes royales eurent lieu le 5 décembre 1660, officialisant l’installation de la confrérie dans ce coin de Normandie.

En attendant que fut édifié leur couvent, les Pénitents s’étaient installés à l’hôtel de l’Écu de France, au carrefour de la chaussée d’Ingouville et de la route de Montivilliers. La première pierre de l’édifice fut posée en 1666. « Le duc de Saint-Aignan, écrit Alphonse Martin en 1883, citant La gazette de France, accompagné de sa femme, de son fils, des échevins et de plusieurs personnes de qualité, pose dans le faubourg d’Ingouville la première pierre de la nouvelle église des Pénitents, dont le gardien le complimenta à la porte du couvent, assisté de ses religieux. La cérémonie fut faite par le doyen de Saint-Romain, député de l’archevêque.4 ». L’église et le dortoir du couvent, quant à eux, seront élevés en 1691. En 1700, sont achevés les dortoirs.

Ainsi, les Pénitents purent-ils, bon an, mal an, exercer leur sacerdoce dans la région havraise jusqu’à ce qu’éclate la Révolution. Dès le 11 août 1789, la dîme était supprimée, privant ainsi le clergé d’une partie de ses ressources. Le 2 novembre de la même année, les biens du clergé, confisqués au profit de la Nation, deviennent biens nationaux. La règle étant la même pour tous, l’église et le couvent des Pénitents n’échappèrent pas à cette mesure décidée par les nouveaux maîtres de la France.

La municipalité et les habitants d’Ingouville prirent possession de l’église des Pénitents le 5 octobre 1791. Les bâtiments du couvent et les jardins devinrent biens domaniaux. Au préalable, le 5 mai 1790, les officiers municipaux d’Ingouville avaient fait l’inventaire des biens du monastère des Pénitents. Et la décision de fermeture de l’église et du couvent avait été notifiée aux Pénitents d’Ingouville en mai 1791, assortie de l’ordre d’évacuer le couvent au premier juin suivant. Nous ignorons quel fut le sort de la plupart de ces religieux après leur départ. Sans doute certains d’entre eux choisirent-ils d’émigrer tandis que d’autres trouvèrent refuge dans quelque confrérie qui continuait malgré tout d’exister plus ou moins secrètement.

Comme une partie des ornements et de l’argenterie, les archives furent envoyées à Montivilliers. Devenue temple de la Raison, l’église des Pénitents ne resta pas longtemps inoccupée. Le local de cette bibliothèque avait été converti en casernement. Cinq compagnies de la garde nationale y furent hébergées. « L’édifice accueillit des troupes et du matériel de guerre, le cloître sert d’écurie de la garde nationale. En 1793, le couvent devient hospice militaire, quoiqu’en 1793 le plomb des toitures eût été retiré pour la fabrication des balles.5 », va même jusqu’à préciser Alphonse Martin dans son « Histoire de Leure et d’Ingouville »

Mais le gouvernement, qui avait supprimé l’exercice du culte catholique en France, faisait machine arrière à peine un an après en proclamant de nouveau la liberté des cultes, à la condition toutefois que la République n’en salarie aucun, ni ne fournit de local ni de logement à leurs ministres. La nouvelle administration d’Ingouville entreprit alors des démarches pour la réouverture de l’ancienne église des Pénitents, l’église Saint-Michel étant, plus que jamais, compte-tenu du nombre d’habitants qui ne cessait de croître, trop petite pour pouvoir accueillir tous les paroissiens. Pendant vingt années, on réclama, en vain, cette réouverture sans pouvoir l’obtenir.

En 1818, les bâtiments conventuels sont rendus à la municipalité d’Ingouville qui y installe la mairie, la justice de paix et l’école communale. Ils ont toujours cette affectation au milieu du siècle puisque l’abbé Cochet écrivait en 1846 : « Leur couvent sert maintenant de mairie, de justice de paix, de presbytère et d’école. Leur cloître encore conservé, règne sur tout le côté méridional de l’église. C’est à présent le dortoir des bons religieux décédés. Leur tombe est modeste comme leur vie.6 »

En 1838, enfin, les choses allaient changer de façon significative en ce qui concerne l’église puisque, ouverte à nouveau au culte, elle devenait paroissiale et prenait la titulature de l’ancienne église paroissiale Saint-Michel, réduite à l’état de chapelle. Elle était même agrandie en 1839, le chœur était allongé et un clocher en bois était construit sur la façade sud. De 1847 à 1859, elle est de nouveau agrandie grâce à l’ajout de deux nefs latérales à l’ouest et à l’est, venant remplacer, pour ce qui concerne la seconde, les chapelles latérales. En 1867, le clocher porche néo-byzantin, dont se souviennent tous les Havrais qui ont connu ce Havre d’avant la seconde guerre mondiale, est construit en lieu et place du clocher en bois. L’édifice a été totalement détruit sous les bombardements de 1944. Seul à rester debout, son clocher fut détruit en 1945.

La troisième église Saint-Michel sera reconstruite plus au sud que ne l’était l’ancienne, suivant les plans de l’architecte havrais Henri Colboc. À l’instar du reste de la ville reconstruite, le béton est le matériau de base du nouveau édifice. Le mobilier en teck, quant à lui, a été offert par un riche négociant havrais et son magnifique autel en marbre noir est une œuvre admirable. Débutés en 1960, les travaux furent achevés quatre ans plus tard. Sa toiture, particulière, représente un livre ouvert, une bible selon toute vraisemblance. Sur le parvis, séparé du corps de l’église, le clocher se dresse à 47 mètres de hauteur, symbolisant un cierge. « À l’intérieur, apprend-on sur le site de la Ville du Havre, vous découvrirez un magnifique ensemble de verrières réalisées par le maître verrier Boutzen. Une curiosité : à l’intérieur de l’église est conservée une pierre de l’ancien hôtel de ville du Havre.7 »

On peut considérer que c’est le dernier édifice public de la reconstruction. La nouvelle église Saint-Michel a été inaugurée le 4 octobre 1964.

 

 

1) « Les origines du Havre : Histoire de Leure et d’Ingouville », Alphonse Martin, 1883.

2) « Les églises de l’arrondissement du Havre », Jean-Benoît-Désiré Cochet, 1846.

3) « Les origines du Havre : Histoire de Leure et d’Ingouville », Alphonse Martin, 1883.

4) « Les origines du Havre : Histoire de Leure et d’Ingouville », Alphonse Martin, 1883.

5) « Les origines du Havre : Histoire de Leure et d’Ingouville », Alphonse Martin, 1883.

6) « Les églises de l’arrondissement du Havre », Jean-Benoît-Désiré Cochet, 1846.

7) http://unesco.lehavre.fr/fr/decouvrir/leglise-saint-michel

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Commentaires
L
Bonjour si je comprend bien l ancienne ėglise dėtruite en 44 ėtė en faite un ancien batiment du 16 eme siècle ce qui explique la beautė de l interieur de l ėglise, la nef peinte et les chapiteaux richement dėcorer sa dater du XVI ! Je croyer que l eglise entiere avait ėtė construite au 19eme ; seul en fin de compte le clocher date du 19eme siecle pfff il se sont pas casser l ognon a l epoque pour avoir un nouveau ėdifice religieux, on agrandie on modifie on rajoute un clocher et voila et j'oubliė on change le nom de couvent des pėnitant, en ėglise saint michel.Ce que je trouve mais vraiment dommage ce que cette ėdifice a ėtė presque entierement dėtruit par l incendie des bombes du 5 et 6 sept 1944 j aurais bien voulu connaitre cette ėglise en particulier sont clocher que je trouve sur les photographies d avant guerre vraiment jolie, d ailleur au lieu de le faire exploser par la dynamite en 45 pourqu oi pas l avoir garder et reconstruit une nouvelle ėglise derriere comme a Berlin la fameuse dent creuse ! Mais les havrais de l epoque detesta ce clocher qui ressemblė apparament a un grille pain lol enfin bref on refera pas le passėe, en ce qui concerne la nouvelle en bėton elle et bizarre l interieur et austère et froide j aime pas contrairement a st joseph qui pour une eglise moderne et pas mal.
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