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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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 Sauf indication contraire, toutes les cartes postales, gravures et photographies qui illustrent les messages de ce blog proviennent de la collection personnelle de l'auteur.

 

Mes romans

 

Couverture Emeutiers

Vous pouvez le commander en ligne :

www.editions-complicites.fr (4 euros de frais d’envoi), www.fnac.com, www.librairielechatpitre.com, www.armitiere.com, www.librairielabuissonniere.com, www.decitre.fr, www.rakuten.com, www.librest.com, www.leslibraires.fr.

 

Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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6 novembre 2022

L'essor du Havre au 18e siècle

Outre « Les Émeutiers du Grand Quay », deux autres de mes romans (« L’intrigant Monsieur Durand » et « L’énigme Jean-Louis Roch Mistral », tous deux disponibles en lecture libre et téléchargement gratuit sur le site Atramenta) ont pour cadre Le Havre du XVIIIe siècle. Et ce n’est pas tout à fait le simple fruit du hasard. Alors, me direz-vous, pourquoi tant d’engouement pour le XVIIIe siècle ?

C'est tout simplement parce que c’est au cours de ce siècle précisément que la ville va connaître un certain nombre de transformations qui vont la faire entrer résolument dans la modernité, notamment en la libérant (provisoirement) du carcan de ses fortifications.

Nous allons tenter de mettre quelques-unes de ces métamorphoses en lumière…

C’est en 1726 que la Compagnie des Indes fit construire un grand bâtiment en forme de quadrilatère, élevé autour d’une cour, sur l’emplacement précédemment occupé par l’Hôtel des Monnaies. Situé rue du Grand Croissant, la Manufacture des Tabacs, bornée par les quais Lambardie au nord, Casimir-Delavigne à l’est, les rues de Bretagne au sud et du Galet (aujourd’hui Jérôme Bellarmato) à l’ouest, comprend des magasins et des bureaux au rez-de-chaussée, tandis que l’atelier est logé à l’étage. Une fontaine y est élevée en 1730 et on y achemine l’eau de la fontaine Saint-François au moyen d’un aqueduc conçu tout spécialement à cet effet.

Afin de donner au lieutenant du Roi une résidence digne de son rang, les échevins firent édifier en 1753 en lieu et place de l’ancienne Maison de ville. Sur la rue de la Corderie, l’Hôtel du Gouverneur, plus communément appelé « Hôtel de Beauvoir », formait deux ailes entourant une cour fermée par une porte en arcade surmontée des armes du Havre auxquelles sont accolés deux cimiers d’un beau caractère. On appréciait mieux son importance et son aspect en le regardant de l’Ouest, par-dessus les remparts. Face à la mer, le bâtiment s’élevait sur trois niveaux avec, à chacun d’entre eux, neuf ouvertures, portes et fenêtres, parfaitement alignées. Celles du premier étage, notamment, hautes et rehaussées de stores et de lucarnes semi-circulaires, avec leurs balcons et leurs rambardes en fer forgé ouvragé, étaient remarquables. L’ensemble était d’une élégance et d’une harmonie sans pareil qui ravissaient les yeux et le cœur.

 

Hôtel de Beauvoir (2)Hôtel de Beauvoir

 

Le 20 février 1791, Révolution oblige, les fonctions de gouverneur et de lieutenant du Roi sont officiellement supprimées. Dès lors, le bâtiment se retrouve vacant et sans affectation. L’occasion est trop belle pour les échevins qui, dans le modeste logis du Roi, commençaient à se sentir un peu à l’étroit depuis quelque temps. Ils ne la laisseront pas passer. Les services de l’Hôtel de ville sont donc transférés à l’hôtel de Beauvoir en 1792.

En 1754, Antoine Matthieu le Carpentier, architecte du Roi à Rouen, construit, sur un emplacement stratégique, à l’angle du Grand Quai et du quai Notre-Dame, le bâtiment destiné aux services des Fermes Royales, futur hôtel des Douanes, que l’on appelait familièrement « la Romaine », « en raison du nom de la balance employée à peser les marchandises », indique Joseph Morlent dans « Guide du Voyageur au Havre et aux environs ». Jacques Augustin Gaillard témoigne : « La Romaine, qui porte aujourd’hui le nom de Douane Royale, fut construite par Matthieu le Carpentier, architecte de Rouen, en 1754. Ce beau bâtiment fut élevé sur le port à l’endroit nommé la Pointe de façon qu’il a deux façades qui donnent chacune sur le quai ». Pour ce faire, il avait été nécessaire de détruire un corps de garde et une partie des maisons de l’îlot, mais deux d’entre elles resteront enclavées dans l’établissement jusqu’en 1844.

Las de devoir se contenter de se réunir, en plein air, sur la place d’Armes, à l’ombre de la tour François 1er et de l’Hôtel du Gouverneur, les négociants revendiquaient, avec de plus en plus d’insistance, pour se réunir, un local digne de ce nom. En 1773, ils obtiennent la libre jouissance de ce coin de la place d’armes sur lequel ils avaient coutume de se retrouver. L’architecte Louis Boucard établit le plan et le devis pour la construction d’un bâtiment destiné à occuper cet emplacement. Les dons volontaires des négociants permettront la construction de cette première Bourse havraise.

 

Panneau Emeutiers

Les deux phares de la Hève, construits à l'identique, furent élevés en 1775 à une centaine de mètres de la falaise sur un terrain donné par un notable négociant du Havre, Lestorey de Boulongne. L'architecte Paul-Michel Thibaut est l’un des artisans de ces constructions. « Situés sur le cap de ce nom, à deux milles au N.-O. du Havre et à une hauteur de 121 mètres. Les tours des phares, bâties à 33 mètres de distance l'une de l'autre, sont élevées de 20 mètres au-dessus du sol, elles portent des lanternes lenticulaires, à feu fixe, dont la portée est de 20 milles, en temps clair », précise Frédéric de Coninck dans un ouvrage qu'il a consacré à la ville du Havre. Chacun des deux phares jumeaux était équipé de deux foyers au charbon qui consommaient chacun et chaque nuit la bagatelle de 600 kilos de charbon. C'était là, bien évidemment, une consommation vite jugée excessive, engloutissant à elle seule un budget ruineux et insupportable en dépit des améliorations que l'on tenta d'y apporter au cours des années suivantes : installation de réflecteurs paraboliques, réduction de la taille des braseros, équipement des foyers de lanternes pour les abriter… Finalement, en 1850, les foyers au charbon sont remplacés par des lampes à pétrole qui s'avèrent d'emblée infiniment plus économiques. En 1863, les phares de la Hève deviennent les premiers phares électrifiés de France.

De 1776 à 1780, le magasin général de l’Arsenal, qui avait été élevé en 1669 à l’extrémité nord-ouest du vieux bassin (du Roi) sur l’emplacement jusqu’alors occupé par L’Hôtel-Dieu, victime des affres du temps, fut, pour une large part, reconstruit par l'architecte Paul-Michel Thibaut. Sa façade sera alors refaite de pierres de taille calcaire. Le bâtiment, dont la façade était agrémentée d'une horloge et était surmonté d'un péristyle dont la cloche rythma très longtemps la vie des ouvriers du port. Le magasin général, seul vestige à avoir subsisté après le démantèlement de l’Arsenal au début du XIXe siècle, sera détruit lors des bombardements de septembre 1944. Cher au cœur de bien des Havrais, qui l’appelèrent « L’Arsenal » jusqu’à sa destruction, ce bâtiment était l’ultime témoin du passé militaire de la ville. De ses décombres, seules les monumentales portes sculptées ont pu être sauvées lors de sa démolition.

 

Le magasin de l'ArsenalLe magasin général de l'Arsenal

 

Le 15 juillet 1789, les émeutiers havrais, ayant échoué à s'emparer de la Citadelle, le prendront d'assaut, s'en empareront et s'y fourniront en armes et en munitions avant de se retrancher dans la tour François 1er.

C’est dans les années 1790 que Paul-Michel Thibaut fait élever à son usage personnel une demeure quai Marimotte (actuel quai de l’Île). La bâtisse dresse sa façade d'architecture néo-classique sur cinq niveaux. Au rez-de-chaussée étaient établis les écuries et un entrepôt. La maison de l'Armateur, puisque c’est d’elle dont il s’agit,a cette particularité d’être constituée de vingt pièces disposées autour d'un étonnant puits de lumière octogonal.

Et puis, le XVIIIe siècle havrais, c’est aussi la mise en œuvre du plan Lamandé qui va donner à la ville une nouvelle dimension. Les remparts nord sont repoussés jusqu’aux portes d’Ingouville, la rue de Paris est prolongée, les bassins d’Ingouville (du Commerce aujourd’hui) et de la Barre font leur apparition, de nouveaux quartiers prennent naissance, on dessine les contours de la place Louis XVI (Notre place Niemeyer).

Nous y reviendrons plus en détail dans le prochain billet

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Commentaires
G
Salut, Daniel.<br /> <br /> Merci pour ton invitation.<br /> <br /> Bonne fin de journée.
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H
Tu sera le bienvenu au tunnel mon ami, alors à bientôt j'espère !
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H
Ces archives te servent d’humus pour faire pousser ton imagination, mais il y a encore plein de possibilités pour en écrire d’autres et vu tes connaissances que tu as du ce 18ème siècle ça m’étonnerait qu’on attende longtemps avant de lire ton nouvel ouvrage !<br /> <br /> Au sujet de l’Arsenal, et là je parle en connaissance de cause, dans l’association ASPH dont je suis le vice-président, nous faisons visiter le tunnel Sainte-Marie où Georges Priem avait entreposé les plus belles sculptures de cet Arsenal. Étant guide également dans cette association, c’est toujours avec surprise que nos visiteurs découvrent les restes de ce bâtiment original. Nous avons fait tirer dans un très grand format une photographie de sa façade où sont répertoriées les sculptures que les touristes peuvent voir au cour de nos visites.
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