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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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www.editions-complicites.fr (4 euros de frais d’envoi), www.fnac.com, www.librairielechatpitre.com, www.armitiere.com, www.librairielabuissonniere.com, www.decitre.fr, www.rakuten.com, www.librest.com, www.leslibraires.fr.

 

Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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2 octobre 2022

A quoi ressemblait Le Havre en 1789 ?

Le roman « Les émeutiers du Grand Quay » nous plonge dans Le Havre de 1789, à l’heure où la cité résonne des heurts et des cris des événements révolutionnaires. Mais ce Havre de 1789, quel visage avait-il ? Il ne ressemblait pas vraiment, vous vous en doutez bien, à celui que nous connaissons aujourd’hui…

En 1789, Le Havre, qui ne compte encore que ses deux quartiers originels, Notre-Dame et Saint-François, étouffe, plus que jamais, entre ces remparts édifiés, pour certains, dès les premières heures d’existence du port et de la ville.

Afin d’éviter autant que possible des travaux de terrassement superflus, l’ingénieur Lamandé avait eu la remarquable idée d’utiliser en partie les douves qui faisaient, à l’extérieur de la ville, le tour des remparts pour y établir le nouveau bassin d’Ingouville (L’actuel bassin du Commerce). Mais les travaux avaient néanmoins nécessité la démolition d’une partie de la muraille. C’est par cette brèche ouverte dans les remparts que s’engouffrèrent en juillet 1789 les émeutiers venus des communes voisines, d’Ingouville notamment, pour y semer les troubles qui aboutirent aux événements que l’on sait.

La porte d’Ingouville, dite « porte Richelieu », ne fut, quant à elle, très probablement démolie que vers 1790. Avec elle, disparaissait l’un des monuments qui faisaient la fierté des Havrais. Jean Laignel, dans ses « Antiquitez du Havre de Grâce » en témoigne : « La porte d’Ingouville, comme on l’a dit, est une des plus belles qui se voye en Europe et quoy que les maisons de la ville soient passablement bien basties, plusieurs étrangers en admirant la ditte porte n’ont pas laissé de dire qu’ils demanderoient volontiers où seroit la ville d’une telle porte». Située au carrefour des actuelles rues de Paris et Richelieu, elle fut remplacée par la place à qui l’on donna aussi le nom du cardinal, en son temps gouverneur du Havre. De nos jours, l’œil averti du promeneur ne manquera pas de relever le tracé de pavés rouges qui en dessinent les contours de ce monument hélas disparu (Merci, Daniel Haté pour le tuyau).

 

12-06 La rue de Paris (2)

Au long de la Grande Rue Saint-Michel, qui conduisait de la porte d’Ingouville au Grand Quai, on trouvait, à l’est, la place de Canibal (ou des Cannibales), l’actuelle place du Vieux Marché, que des lettres patentes de 1754 avaient donné des directives visant, par la mise en place d’un plan d’ensemble, à en améliorer l’aspect. Un plan qui, disons-le tout de suite, n’atteignit que partiellement ses objectifs.

Parallèlement, la ville entreprend la reconstruction du prétoire (actuel Muséum d’Histoire Naturelle) dont le bâtiment menaçait ruine. Après des années d’études et de réflexions, la première pierre de la nouvelle construction est finalement posée le 4 septembre 1758.

Toujours à l’est, s’élevait l’église Notre-Dame. Achevée officiellement en 1636 (le fut-elle un jour vraiment ?), elle n’a guère changé à l’époque qui nous intéresse. Les bombardements de la flotte anglaise et hollandaise de 1694 et de 1759 lui ont bien fait subir quelques dommages, mais elle fut à chaque fois remise en état. En 1777, elle a reçu de nouvelles cloches dont l’une (la principale) portait une inscription dédiée au Roi Louis XVI et à la Reine.

De l’autre côté de la rue Saint-Michel, face à l’église, se tenaient les bureaux des Messageries Royales. On les devine sur une gravure représentant la visite du Roi Louis-Philippe au Havre du 19 au 21 mai 1831. Situés initialement rue du Grand-Croissant, ils furent transférés en 1785 Grande Rue Saint-Michel. La diligence partait (et arrivait) quotidiennement, sauf le samedi.

À l’extrémité de la rue Saint-Michel, on débouchait sur le Grand Quai et la place d’Armes. Au centre de la place, s’élève une fontaine de forme carrée, surmontée d’un socle cubique sur lequel on pouvait distinguer notamment les armes de la Ville et celles du Roi. Elle avait été autrefois ornementée d’une statue à l’effigie du Roi-Soleil.

Panneau Emeutiers

Au sud, la « grosse » tour François 1er projetait son ombre imposante sur la place. Elle la projettera jusqu’en 1862, année où fut entreprise sa démolition pour élargir l’entrée du port. Face à elle, de l’autre côté de la place, se tenait l’hôtel que s’était fait construire le premier gouverneur de la ville, Guyon Le Roy, seigneur du Chillou, et dont la ville avait fait sa maison commune vers 1550. Puisque François 1er, puis Henri II, y avaient séjourné, les Havrais l’avaient rebaptisé « logis du Roi ». À l’ouest de la place, adossé à la muraille et proche de la porte du Perrey, voici la résidence du lieutenant du Roi, une élégante bâtisse construite en 1753 dans le but de donner au représentant du Roi dans la ville une résidence digne de son rang. Sa majestueuse façade dominait le perrey d’Ingouville et le rivage. La Bourse des négociants, blottie entre la grosse tour et la porte du Perrey, avait été élevée en 1784 en réponse la demande insistante des négociants, las de tenir leurs réunions sur la place, en plein air et par tous les temps. C’était une sorte de péristyle de plain-pied avec une cour plantée d’arbres et entourée de grillages de bois 

Plus à l’est, à l’angle du Grand Quai et du quai Notre-Dame, le bâtiment des Fermes Royales, les futures Douanes, a été édifié en 1754. C’est là que résida le marquis de La Fayette de juillet à octobre 1779, entre deux voyages en Amérique, et c’est là qu’il reçut des mains du petit-fils de Benjamin Franklin l’épée d’honneur que lui avait décerné le congrès américain en reconnaissance des services rendus à la cause des jeunes Colonies-Unies.

L'Arsenal vers 1850

Depuis que Colbert avait décidé sa création, en 1669, l’Arsenal de la Marine occupait la totalité du vieux bassin, notre bassin du Roi. L’entrée du bassin avait été élargie pour répondre au volume sans cesse croissant des navires qui s’y réfugient et il avait été doté de nouvelles portes. De hauts murs avaient été édifiés tout autour du bassin « pour éviter les divagations des ouvriers ». De 1776 à 1780, le magasin général, victime des affres du temps, avait été, pour une large part, reconstruit par l’architecte Paul-Michel Thibaut.

 Le quartier Saint-François n’a, pour sa part, guère changé depuis sa création au XVIe siècle sous la houlette de l’architecte siennois Girolamo Bellamarti (Jérôme Bellarmato). Peu à peu, les négociants et les armateurs s’y sont installés, y ont construit de beaux immeubles, reflets de leur statut social et de leurs fortunes. Au début du XVIIIe siècle, les Dubocage père et fils font l’acquisition de terrains situés derrière l’église sur lesquels la demeure que nous connaissons sous le nom d’« Hôtel Dubocage » devait déjà exister à l’époque. En 1724, la Compagnie des Indes installe un atelier de fabrication rue du Galet (aujourd’hui rue Jérôme Bellarmato), dans les locaux de l’ancien jeu de paume du quartier Saint-François. C’est en 1726 que fut construite la Manufacture des Tabacs, un grand bâtiment en forme de quadrilatère, élevé autour d’une cour, sur l’emplacement précédemment occupé par l’Hôtel des Monnaies. En 1780, Paul-Michel Thibault, qui fut, en autres, le maître d’œuvre de la reconstruction du magasin de l’Arsenal et de l’édification des phares de la Hève, se fait construire, sur les bords du quai de l’Île, l’immeuble que tous les Havrais connaissent aujourd’hui sous le nom de « Maison de l’Armateur ».

Construction entreprise dans la seconde moitié du XVIe siècle, l’église Saint-François fut véritablement achevée en 1687. Durant trois siècles, ce ne fut qu’une simple chapelle dépendant de la cure de Saint-Michel d’Ingouville. Un simple vicaire y officiait et cette situation perdurera jusqu’à la Révolution de 1789.

C’est le Cardinal de Richelieu, devenu gouverneur du Havre en 1628, qui avait décidé de la construction d’une nouvelle citadelle qui viendra se substituer à celle de Charles IX, jugée, à tort ou à raison, obsolète et inefficace. Il s’agissait, nous dit Claire Étienne-Steiner, d’un « quadrilatère bastionné comprenant une place d’armes, un magasin à blé, le logis du Roy (Pas le même que celui de la Place d’Armes), des huttes simples et doubles, une forge, un magasin à poudre, un magasin à câbles, une salle d’armes, des écluses et une chapelle ». C’est sur cette citadelle que les émeutiers havrais se cassèrent le nez le 15 juillet 1789 avant de se rabattre sur le magasin de l’Arsenal où ils purent s’approvisionner en armes et en munitions…

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Commentaires
H
Bonjour Gérard,<br /> <br /> Très intéressant résumé de ce qu’était e Havre à l’époque où se situe ton roman. A propos de Notre Dame, c’est Jean Marin Lemarcis que la « terminera » en la coiffant d’un demi-arc de plein cintre. Mais qu’importe pour ceux qui veulent comprendre cette époque rien de tel que de lire ton roman, qu’on se le dise !<br /> <br /> A demain Gérard et bonne fête !<br /> <br /> PS : Canalblog dysfonctionne puisque chaque réponse ou commentaire est diffusé 3 fois, personnellement je les efface en n’en laissant qu’un bien sûr.
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