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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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 Sauf indication contraire, toutes les cartes postales, gravures et photographies qui illustrent les messages de ce blog proviennent de la collection personnelle de l'auteur.

 

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Vous pouvez le commander en ligne :

www.editions-complicites.fr (4 euros de frais d’envoi), www.fnac.com, www.librairielechatpitre.com, www.armitiere.com, www.librairielabuissonniere.com, www.decitre.fr, www.rakuten.com, www.librest.com, www.leslibraires.fr.

 

Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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13 novembre 2022

L'épopée havraise du 18e siècle

Au XVIIIe siècle, Le Havre connut aussi une succession d’événements qui virent la ville jouer les premiers rôles dans son Histoire et celle de notre pays.

 

Comme nous l’avons fait pour les transformations architecturales que la ville connut à cette époque, nous allons tenter d’en mettre les principaux en relief…

 

Voici donc quelques grandes dates de l’épopée du Havre au XVIIIe siècle.

 

1707 Le voyage de La Découverte

Après s’être engagé très tôt dans la Marine Royale et s’être illustré en commandant La Dauphine, dont il avait fait un navire corsaire, Michel Dubocage s’engage à bord de la Découverte dans une expédition commerciale de neuf ans qui le mènera jusque dans l’océan Pacifique en passant par le Cap Horn. Parti le 28 août 1707, le navire La Découverte sera de retour le 23 août 1716. Il aura au passage découvert le 3 avril 1711 l’île de la Passion que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de l’île de Clipperton.

Havre, Normandie, Hôtel Dubocage, Marine, Navigation, Découvertes
L'Hôtel Dubocage de Bléville en 2021 (Photo G.H.)

Dubocage revient au Havre, fortune faite. Il monte une maison de négoce à laquelle il associera son fils prénommé Michel Joseph comme lui. Il achète un hôtel particulier au cœur du quartier Saint-François (l’actuel Hôtel Dubocage), la seigneurie de Bléville dont il associera le nom au sien, puis la Vavassorie de Gainneville, une ferme à Soquence et des terres à Octeville.

 

Il se fera enterrer dans l’église de Bléville ainsi que son fils, tous deux souvent confondus.

 

1728 La route du Café

Les débuts de la culture du café dans les îles des Antilles est la résultante de la disparition momentanée des cacaoyers », nous rapporte Jean Legoy dans son ouvrage Hier, Le Havre tome 1.

 

Les premiers grains de café arrivent des Antilles dans le port du Havre en 1728. Ils sont acheminés jusqu’en France par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes qui en a eu le monopole jusqu’en 1736, date à laquelle le commerce du café devint libre. À partir de cette date, les quantités de café débarqués sur les quais du Havre ne cesseront de progresser. Le café devint très vite, avec le sucre, la marchandise la plus acquise par les négociants havrais grâce notamment au produit de la vente des esclaves.

 

De cette activité, sont nés des docks d’entreposage et de nombreuses brûleries. Les docks (devenus Docks Vauban et Carré des Docks) autour de l’actuel bassin Paul-Vatine étaient notamment utilisés pour le stockage du café.

 

1749 Visite de Louis XV

C’est le 19 septembre 1749 que Louis XV arriva au Havre pour une visite que l’on pourrait qualifier d’agrément. Le Roi de France et sa suite pénétrèrent en ville en franchissant la porte d’Ingouville, escorté par un détachement de jeunes volontaires havrais qui étaient allés à leur rencontre. Le souverain et la cour montèrent sur la terrasse de la « grosse » tour François 1er d’où ils purent admirer la mer avant de regagner l’Hôtel de ville où le monarque résida durant son séjour au Havre.

Havre, Normandie, Fortifications, Porte d'Ingouville, Roi, Louis XV
Entrée de Louis XV au Havre en 1749 : dessin par Descamps, gravure par Jean-Philippe Le Bas (Collection G.H.).

Le lendemain, le Roi fit une promenade sur la jetée nord avant de se rendre à l’église Notre-Dame où il assista à la messe. La journée se poursuivit sur les bords du « vieux » bassin du Roi, par la visite d’une flûte pavoisée, le carénage d’un navire, la visite de l’Arsenal, le lancement de 3 vaisseaux, une parade maritime, la visite de la corderie, suivie de celles de la Citadelle et de la Manufacture des Tabacs. Enfin, il gravit les hauteurs d’Ingouville d’où il apprécia la vue sur l’embouchure de la Seine et sur la rade.

 

 

Panneau Emeutiers

 

1772 Le cimetière Saint-Roch

« En 1772nous dit Michel Éloy dans Le Havre de 1517 à 1966, la municipalité achète le pré de santé Saint-Roch » pour y établir le cimetière municipal, afin de répondre au problème posé par la récente disposition qui était venue, à l’époque, interdire, pour des raisons de santé publique, l’inhumation les défunts en centre-ville, dans et autour des églises notamment. « Le pré Saint-Roch, ancien hôpital affecté aux maladies contagieuses, allait être converti en cimetière. Sa chapelle était accompagnée d’une chaumière servant d’écurie », rappelle à ce propos Philippe Barrey dans À travers Le Havre d’autrefoisLa chapelle, laissée à l’abandon ou livrée à d’autres fins que sa vocation initiale, est rendue au culte en devenant chapelle funéraire. Elle sera démolie en 1861, quelques années seulement avant que les corps des défunts ne soient transférés au nouveau cimetière municipal Sainte-Marie, sur le plateau au nord-est de la ville.

 

1776 L’aide aux insurgés américains

Dès avril 1776, le secrétaire d’État à la Marine organisa un ravitaillement clandestin par le biais de Caron de Beaumarchais et de sa compagnie fictive Roderigue et Hortalez. Le roi accorda à l’auteur de Figaro un million de livres en avril 1776 suivi par un million versé par le roi d’Espagne. M. de Bellegarde, sur ordre de Sartine, fournit fusils et canons provenant de la Citadelle du Havre.

 

Beaucoup de navires partirent du port normand. Celui de l’Amphitrite le 14 décembre 1776 fut particulièrement mouvementé, lord Stormont, ambassadeur d’Angleterre, demanda à Sartine de suspendre le départ. Elle ne put repartir qu’en avril 1777, officiellement pour Saint-Domingue mais en fait elle arriva à Boston où elle débarqua également 45 officiers.

 

Le Romain, l’Andromède et l’Anonyme, eux aussi affrétés par Beaumarchais connurent également des départs difficiles.

 

1776 Le premier journal havrais

Le 3 janvier 1776 parut le premier numéro d’un journal qui avait pour titre : Havre-de-Grâce. Commerce Maritime. C’était un hebdomadaire, paraissant le mercredi, dont le contenu tenait essentiellement dans la description des chargements des navires, la mention des entrées et sorties du port.

 

Son fondateur s’appelait Pierre-Joseph-Denis-Guillaume Faure. au Havre le 17 août 1726, il avait pris la succession de son père, Pierre Faure, lui-même Imprimeur-libraire, éditeur de cartes marines et créateur en 1750 d’un bulletin journalier intitulé Feuille d’annonces maritimes.

 

Ce Havre-de-Grâce. Commerce Maritime prendra le nom de Feuille maritime. Havre de grâce de 1780 à 1795 avant de s’appeler Port du Havre. Bulletin d’entrée et de sortie et prix-courant des marchandises de 1795 à 1811. Devenu Journal du Havre et quotidien, il paraîtra jusqu’en septembre 1939.

 

1779 La Fayette au Havre

En 1779, entre deux expéditions en Amérique, le marquis de La Fayette, est envoyé, à sa demande, semble-t-il, en garnison au Havre.

 

« Lorsqu’il arrive au Havre, (On sait qu’il y est le 1er janvier 1779), écrit Aline Lemonnier-Mercier dans une chronique parue dans un billet publié dans le Cahier Havrais de recherche historique N°66, 2008, la ville et le port sont depuis plus d’un an et demi transformés en une ville de garnison, plaque tournante des manœuvres terrestres et navales afin de préparer un débarquement en Angleterre ».

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La plaque commémorative apposée sur la façade de l'immeuble reconstruit sur l'emplacement occupé avant-guerre par le bâtiment des Douanes (Photo G.H.)

Au Havre, le futur héros de Yorktown résidait dans le bâtiment des Fermes Royales, à l’angle des quais Notre-Dame et Southampton, décrit comme un bâtiment très vaste avec magasins et entrepôts. Et c’est là que, le 27 août 1779, il reçoit des mains du petit-fils de Benjamin Franklin l’épée d’honneur qui lui avait été décernée par le congrès américain.

 

Hélas, l’expédition en Angleterre ne se produira jamais. Les 600 bâtiments qui furent armés et les troupes qui devaient y être embarquées ne quittèrent jamais le port du Havre.

 

1786 Visite de Louis XVI

Venant de Cherbourg, Louis XVI arriva le 27 à Honfleur où il s’embarqua pour Le Havre sur une corvette qui lui était destinée. La traversée, semble-t-il, fut un peu orageuse.

 

On sait que c’est au cours de cette visite de 2 jours au Havre que le Roi prit la mesure de l’urgence d’entreprendre des travaux d’agrandissement de la ville et du port.

 

En ville, les cloches sonnaient et les canons tonnaient à tout-va. Des arcs de triomphe, des portiques, des obélisques avaient été dressés partout pour accueillir le monarque qui, après une brève halte au logis du Roi, se rendit au Vieux Bassin pour y inspecter l’Arsenal avant de monter sur les remparts de la porte d’Ingouville d’où il découvrit le parc au bois, la Hève et une partie du Perrey. Le lendemain, sa majesté assista à la messe à l’église Notre-Dame. Après l’office, le Roi monta sur la côte d’Ingouville d’où il put jouir d’un coup d’œil ravissant. Puis il se rendit sur le Perrey pour assister à la mise à l’eau d’un bâtiment du Commerce judicieusement nommé Louis XVI. Après cette opération, il reprit la route pour se rendre à Rouen.

 

1789 Émeutes des 15 et 16 juillet

Le 15 juillet donc, les émeutiers havrais, manifestant leur colère face à la cherté de la vie, avaient, après s’être « cassé le nez » sur la Citadelle et ses réserves d’armes, forcé les portes du magasin général de l’Arsenal, s’y étaient fourni en armes, et, après avoir occupé le grand quai et la place d’Armes, s’étaient « emparés » de la grosse tour dans laquelle ils se retranchèrent, fermement décidés à tenir tête aux militaires et à la milice bourgeoise qui avait été réarmée à la hâte. Ils réalisèrent bientôt qu’ils ne pourraient tenir guère de temps dans ce traquenard qu’ils s'étaient tendus eux-mêmes, d’autant que leurs camarades qui occupaient le grand quai rendirent assez rapidement les armes. La mort dans l’âme, les occupants de la tour s’avouèrent vaincus à leur tour et évacuèrent la place, désabusés et frustrés.

 

Le lendemain, 16 juillet, on retrouve les Havrais en colère, rassemblés devant l’Hôtel-de-ville. Une délégation est finalement reçue par l’assemblée des échevins, obtenant, c’était leur première et principale revendication, que le prix des 12 livres de pain soit abaissé de 39 sols à 24. C’est, hélas, une victoire qui sera de très courte durée, car la pénurie de farine entraînera dès le 17 juillet une nouvelle flambée des prix et de violence.

 

 

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Commentaires
H
Je vais conseillé à tous ceux qui me demandent de raconter l’histoire du Havre de lire tes articles qui permettent de suivre l’évolution du Havre au fil du temps, et surtout, bien entendu, au cours de ce XVIIIème siècle qui vit beaucoup d’évènements importants se déroulé dans la cité océane, et à lire ton présent billet on ne peut qu’en être convaincu.
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