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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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13 décembre 2021

La légende du sergent Petit

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Dans l'un de mes précédents billets, je vous avais parlé de la vieille légende havraise de la Bête du Chaos1. Je voudrais vous parler ici d'une autre de ces légendes havraises, celle du sergent Petit, même si l'individu qui a donné son nom à cette histoire n'était sans doute pas quelqu'un de très recommandable. C'est, comme pour celle de la Bête du Chaos, à Charles Vesque et à son Histoire des rues du Havre que nous devons cette assez sombre Histoire.

Mais qui était ce sergent Petit dont une rue porta un temps le nom, après s'être appelée rue des Corsets Violets, avant de devenir la rue Martonne, et dont la légende nous a été transmise par Charles Vesque dans son Histoire des rues du Havre, reprenant le travail de Léon Buquet que la mort avait empêché qu'il fût achevé ? Probablement, si l'on s'en réfère au récit que nous livre l'auteur de l'Histoire des rues du Havre, quelqu'un de peu fréquentable. Jugez-en par vous-même

« Sous Henri IV, à l'époque où la peste décimait la Ville, écrit Charles Vesque, cette rue (des Corsets Violets) ne possédait que très peu de maisons ; la plupart des autres habitations n'étaient que des cabanes en planches où demeuraient des indigents, aussi la misère et la peste y faisaient-elles de nombreuses victimes ».

« Abandonnée par la population des autres quartiers, poursuit-il, le guet seul y circulait nuit et jour et il n'était pas rare qu'il y trouvât sur son passage des corps gisants sur le pa. C'était ceux de quelques malheureux dont les familles, trop pauvres, n'avaient pu faire les frais d'inhumation. Parmi ces misérables habitants, on remarquait pourtant une jeune fille de 16, 17 ans, qui, sous les haillons dont elle était couverte, laissait apercevoir une beauté ravissante. Cette pauvre fille si belle vivait avec son père, vieillard infirme et sans ressources, qui ne retrouvait la force de vivre que dans les caresses de sa fille. Le sergent Petit, commandant une des sections du guet de la ville, homme d'une conduite débauchée, d'un caractère brutal, avait souvent remarqué cette jeune fille, et il n'avait pas tardé à former sur elle d'infâmes projets. Vainement essaya-t-il de la séduire, vainement offrit-il de soulager sa misère, tout fut inutile, elle ne répondit à ses avances que par le plus profond mépris.

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Usant de l'autorité que lui conférait sa fonction, l'odieux sergent Petit ne cessait de tourmenter la petite famille de ses intentions inavouables. Il les harcelait, dirait-on de nos jours. Jusqu'à ce jour où, n'y tenant plus, ivre jusqu'à perdre la raison, il se fait plus pressant, et s'adresse au père qu'il trouve seul dans la masure dans des termes qui ne laissent aucun doute sur son véritable dessein. « Si tu ne me la livres pas, je mets le feu à la maison », menaça-t-il le vieil homme avant de partir.

« Sous cette menace, le vieillard reste impassible, poursuit Vesque. Petit cherche partout et ne trouve pas la jeune fille. Il sort furieux. Quelques instants plus tard, un incendie effroyable éclatait dans la masure que Petit et ses hommes venaient d'abandonner. Toutes les maisons en bois de la rue ne tardèrent pas à être enveloppées par le feu. Les secours furent inutiles. Tout disparut dans les flammes.

La jeune fille, qui a trouvé refuge chez une voisine, entendant les cris « Au feu ! » poussés par les riverains, se précipite dans la rue pour découvrir sa maison en proie à l'incendie. Elle court vers la masure, rejoint son père, paralysé des jambes, dans l'impossibilité de se lever de sa chaise. Mais tous ses efforts pour le tirer de là sont vains. Impitoyable, le feu s'empare du père et de la fille et, le lendemain, dans les décombres, on découvrit leurs deux corps réunis dans la mort.

Selon Charles Vesque, on mit l'incendie sur le compte d'un accident ou du désespoir des habitants de la masure. À aucun moment, le sergent Petit ne fut soupçonné, ni de près ou de loin. Preuve que le dicton qui veut que le crime ne paie pas est parfois quelque peu égratigné, moins de deux ans après, l'infâme Petit, parvenu à amasser une petite fortune par on ne sait quels moyens inavouables, acheta les terrains dont le feu avait consumé les maisons, en fit bâtir de nouvelles dont il tira un bon profit. C'est très vraisemblablement à cette acquisition que l'on doit que la rue Martonne ait un temps porté son nom.

Voilà, dans les grandes lignes, l'Histoire peu reluisante du sergent Petit. Est-ce juste une légende comme il en existe tant ou y a-t-il dans tout cela une part de vérité ? Ne dit-on pas qu'il y en a toujours une dissimulée derrière chaque récit légendaire ? Chacun se fera sa propre opinion. Je dois avouer que, hormis la narration qu'en a faite Charles Vesque dans son Histoire des rues du Havre (Tome 1, rue Martonne, page 102), je n'ai retrouvé nulle part ailleurs la moindre allusion à cette Histoire. Mais peut-être l'un d'entre vous a eu plus de chance que moi et pourra venir compléter ce billet ou l'éclairer d'un jour nouveau. Ce sera avec plaisir et par avance, je l'en remercie

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Comme je l'avais laissé entendre dans un récent billet consacré aux noms des rues du Havre au XVIe siècle, je me suis lancé dans l'exaltante, mais terrifiante, aventure de l'écriture d'un roman dans lequel je vais tenter de marier cet épisode de l'Histoire de la cité océane qui vit en 1562 les Protestants prendre le contrôle de la ville avant de la livrer aux mains des Anglais qui l'occupèrent jusqu'au 27 juillet 1563 avec ces deux vieilles légendes havraises, celle de la Bête du Chaos et celle du sergent Petit.

Rendez-vous, donc, dans quelques mois, pour découvrir et juger le résultat. Si toutefois le projet arrive à son terme

Merci à toutes et à tous pour votre attention.

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Commentaires
H
Si j’avais quoi que ce soit au sujet du sergent Petit je t’en ferai part aussitôt, mais là, à brûle pourpoint, je ne me souviens pas d’avoir un quelconque document à ce sujet, mais si j’en trouve un je t’en avertirai.<br /> <br /> Toutes les légendes ont en commun d’avoir une base véridique mais extrêmement déformée ou embellie pour mieux captiver l’auditeur, donc sans doute que celle du sergent Petit part d'une réalité, en tous cas ce sergent ne devait être pas une personne recommandable. <br /> <br /> Quant à ton roman sur l’occupation anglaise avec Warwik alors là je compte sur toi pour aller au bout de ton travail !
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