L'hôpital d'Ingouville
Les travaux du creusement du port et d’élévation de la ville, puis l’essor qu’avait connu cette dernière, avait attiré à la pointe de Caux un grand nombre de désœuvrés, de déshérités, de laissés-pour-compte à la recherche de lendemains meilleurs. Pour faire face au nombre sans cesse croissant de pauvres et de mendiants, un premier Hôtel-Dieu avait été établi au Havre en 1556. Édifié au lieu dit « des Barres, dans la paroisse Saint-François, il fut détruit lors du siège du Havre en 1562-1563, il fut reconstruit rue du Grand Croissant.
Quand la veuve du Maréchal de Joyeuse, en 1591, fait venir au Havre des Capucins, elle obtient que leur soit attribué « l’église et l’hôpital de la dite ville avec plusieurs places adjacentes ». Il n’y a alors d’autre solution que de trouver un autre site pour y construire un nouvel Hôtel-Dieu. Le corps de ville se porte alors acquéreur d’un terrain à l’angle nord-ouest du vieux bassin du Roi, proche des remparts et de la porte d’Ingouville.
En 1669, nouveau rebondissement : Le cardinal de Richelieu, alors gouverneur de la ville, décide de réserver l’exclusivité du bassin du Roi et de ses quais à l’Arsenal militaire dont il souhaite doter le port normand. Le magasin général de cet Arsenal sera édifié sur l’emplacement occupé depuis plus d’un demi-siècle par cet Hôtel-Dieu dont le plan de Gomboust, daté de 1657, nous a donné une représentation assez précise quant à son implantation et son apparence. Il faut donc une nouvelle fois se mettre en quête d’une nouvelle terre d’accueil pour l’hôpital du Havre.
Est-ce un manque de place dans l’enceinte d’une ville engoncée dans le carcan de ses fortifications qui conduisit les autorités à porter leur choix sur un terrain situé à l’extérieur des remparts de la cité ? Ou ce choix fut-il dicté par le souci de soustraire aux regards des « honnêtes bourgeois » les traîne-misère, les mendiants, les filles perdues, les enfants abandonnés ? Toujours est-il que le choix se portera cette fois sur « un héritage assis logé basti et planté qu’il est sur les paroisses d’Ingouville et de Graville » que la ville achète à un certain Pierre de Grainville.
La construction du nouvel hôpital se poursuivra, bâtiment après bâtiment, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.
C’est l’Histoire de cet hôpital, sis sur le territoire d’Ingouville, que raconte par le détail l’ouvrage de Philippe Manneville « Regards sur quatre siècles de vie hospitalière au Havre », depuis sa création jusqu’en 1945. L’ouvrage de Philippe Manneville se décline en quatre grands chapitres où l’on peut découvrir les différentes étapes de sa construction, l’évolution de ses structures, de ses services, de son administration, de son fonctionnement, les événements marquants qui ont jalonné son Histoire à travers les siècles.
« Regards sur quatre siècles de vie hospitalière au Havre » est disponible en prêt à la Bibliothèque Municipale Armand Salacrou.