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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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24 octobre 2018

Comme une lettre à la Poste (3/4)

 

Facteur_Postes_1830La distribution du courrier vers 1830 (Collection G.H.)

 

 

Revenons-en un peu au XIXe siècle, à l'aube duquel se profile l'ombre de l'Empire napoléonien Et une énième tentative de réorganisation. En 1801, paraît un arrêté instituant le monopole des Postes. Une des premières actions du premier Consul Bonaparte en faveur de la Poste sera de lui donner le monopole du transport de la correspondance. L'arrêté, daté du 27 Prairial An IX (16 juin 1801), interdit purement et simplement l'acheminement du courrier par les entreprises privées. Sous le prétexte de remettre à plat un système qui en avait, il est vrai, un peu besoin, il s'agit, on s'en doute bien, d'une mise en coupe réglée dont le but n'était autre que la transmission rapide des plis impériaux. La meilleure preuve en est la création du service des estafettes mis en place par Lavalette, directeur général des postes, en 1805.

Dans quelle mesure ces dispositions impériales affectèrent-elles, de près ou de loin, la circulation du courrier ? En vérité, peu d'éléments permettent de répondre à cette interrogation. Il semble bien que les responsables du Commerce havrais demandèrent avec insistance une autorisation d'utiliser le service des estafettes qui ne leur fut accordée qu'en octobre 1818. Ce courrier « rapide », dont le départ avait lieu chaque jour à quatre heures de l'après-midi, mettait quinze heures pour rallier la capitale.

On note dans l'almanach de 1802 que le bureau de la Poste aux lettres était sise 16, rue de la Gaffe. Il se trouvait à cet emplacement sans doute déjà depuis 1796. Il sera transféré rue Saint-Julien en 1806. Dirigé par une femme, il comptait neuf employés et six facteurs. En 1815, il reviendra au 7 de la rue du Grand-Croissant où il demeurera jusqu'en novembre 1843.

En 1825, le courrier partait du Havre tous les jours à cinq heures de l'après-midi. Mais, en dépit de toutes ces louables tentatives de réorganisation, tout ne va pas encore comme dans le meilleur des mondes. Un certain désordre engendrait bien des irrégularités et des désagréments. Les disparitions de courriers se multiplient, et les routes ne sont pas toujours très sûres.

Quelques années plus tard, une nouvelle fois, c'est l'état de ces routes, précisément, qui pose problème, comme en témoigne un article de presse paru dans un journal parisien le 29 octobre 1829 : « Vingt fois déjà nous avons appelé l'attention de l'administration sur l'état de nos routes et malheureusement, nos plaintes sont demeurées sans effet. Impossible de se figurer rien de plus pitoyable que ces communications. Il n'y a pas huit jours, le vélocifère, parti de Paris à six heures du matin, arrivait ici ( Rouen) à onze heures du soir ; depuis quelques jours que le temps à peu près sec a un peu raffermi la route, on regarde comme un grand bonheur qu'il arrive vers neuf heures. Que sera-ce quand les pluies de l'hiver auront de nouveau défoncé des chemins déjà si mauvais à la fin de l'été ? » (1).

L'année 1829 avait vu la création d'un service de facteurs pour desservir les usagers de la campagne qui, s'il avait été remarquable jusque-là, c'était essentiellement pour son inefficacité, pour ne pas dire sa déficience totale. Du reste, il le restera, déficient, encore quelques années durant lesquelles les usagers préféreront se déplacer et venir chercher leur courrier en ville. On continue néanmoins à tenter d'améliorer la qualité du service. Des boîtes aux lettres sont installées, rue des Drapiers, rue de Paris, à Ingouville, en face de l'auberge de l’Écu. L'agrandissement de la ville vers le nord, conformément au plan Lamandé, ayant entraîné un déplacement des maisons de commerce vers le nouveau centre-ville, le bureau de la poste déménage lui aussi, pour s'installer sur la place Louis XVI (Gambetta) en 1843.

 

La_malle_poste

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le courrier était acheminé par les diligences des Messageries Royales jusqu'à Rouen, une malle-estafette prenait le relais pour rallier Paris, et l'arrivée ou le départ des diligences était une des distractions préférées des Havrais qui se donnaient rendez-vous rue de Paris pour y assister. Mais voici qu'en 1847, une véritable révolution s'amorce. La ligne de chemin de fer a été prolongée depuis Rouen jusqu'au Havre et on assiste à l'arrivée du premier train au débarcadère de Graville. C'est, nous l'avons déjà évoqué, un événement considérable qui va changer sacrément améliorer le confort des voyageurs, mais aussi totalement changer la donne en matière de transport du courrier. Concurrençant sans vergogne la Poste aux chevaux, le chemin de fer va rapidement devenir le principal moyen d'acheminement du courrier, notamment entre Le Havre et Paris. En dépit de l'épée de Damoclès qui menace de s'abattre sur elle d'un instant à l'autre, la Poste aux chevaux fait de la résistance. Elle quitte la rue d'Orléans, où elle s'était installée vers 1830 pour la rue de la Mailleraye et, sans se décourager le moins du monde, en apparence du moins, elle se recentre sur les lignes que ne dessert encore le chemin de fer : Fécamp, Dieppe… depuis la rue Dicquemare où elle a déménagé encore une fois, la dernière. Car, malheureusement, le chemin de fer continue à gagner du terrain et va bientôt quadriller l'ensemble du territoire national… et, donc, normand. La Poste aux chevaux finira par disparaître totalement au cours du dernier quart du XIXe siècle.

Il ne faudra attendre guère de temps pour assister à la création de ces bureaux de poste « ambulants », véritables centre de tri embarqués à bord du chemin de fer, qui permettaient de trier le courrier entre les gares de départ et d'arrivée, et de réaliser ainsi un gain de temps considérable. Est-ce ce seul critère qui permit en 1848, non seulement de baisser les tarifs du courrier, mais aussi de pratiquer le même prix sur tout le territoire métropolitain ? Si ce n'en est pas entièrement la cause, sans doute cela y contribua-t-il.

 

Postes_des_Gobelins

Au Havre, en 1860, treize employés travaillent au bureau principal, tandis que dix-huit facteurs se partagent la distribution du courrier au Havre en ville et trois facteurs le portent dans les communes rurales avoisinantes. En 1852, nous le savons, Le Havre s'était agrandi de nouveaux « quartiers », Ingouville, le Bas-Sanvic, l'ouest de Graville, l'Eure, et cette annexion de nouveaux territoires s'accompagna de l'ouverture de nouveaux bureaux de poste, à Ingouville en 1830, à Graville vers 1840. Celui des Gobelins à Saint-Vincent (ex-Bas-Sanvic) ouvrira, lui, en 1890. Mais le développement des services de la Poste au Havre s'accompagne d'un besoin de plus en plus criant d'une réorganisation qui semble difficile à mettre en œuvre dans les locaux de la place Gambetta. La décision est alors prise de construire un nouvel hôtel des Postes. Situé au numéro 158 du boulevard Impérial, futur boulevard de Strasbourg, quasiment face au terrain où sera inauguré dix ans plus tard le nouveau Palais de justice, la nouvelle Poste principale, dont le chantier fut commencé en janvier 1865, ouvrit ses guichets au public le 5 avril 1866. C'est également l'époque où l'on utilisera durant le conflit de 1870 des ballons aéronefs pour sortir le courrier de Paris assiégé par les Prussiens. À cette « occasion », la section des Postes de la capitale utilisera pour la première fois en France les cartes-poste, une invention que nous devons à un secrétaire d'État des Postes… allemand. Affranchies par l'utilisateur, elles seront embarquées dans les ballons qui servirent à acheminer le courrier des Parisiens. L'idée fit son chemin puisque, dès 1872, les cartes-postales étaient autorisées. Les plus anciennes cartes postales havraises datent de 1898.

Plusieurs événements d'importance marquèrent le dernier quart du XIXe siècle. En 1879 est décidée la création d'un Ministère des Postes réunissant les Postes et les Télégraphes. L'usage de ces derniers, bien que leur invention remonta à la fin du XVIIIe siècle, était longtemps resté l'apanage des militaires. En 1881, la Caisse Nationale d’Épargne ouvre ses guichets dans les bureaux de Poste. Cette année-là est également crée un service des colis. En 1893, le vélo fait son apparition à la Poste qui encourage vivement les facteurs à l'utiliser, usant des arguments de gain de temps et de soulagement de la charge de travail. En mai 1899, on assiste à la première grève des facteurs parisiens. Le public, notamment havrais, est informé par le biais des journaux que le salaire d'un facteur de ville le place tout en bas de l'échelle des salaires.

(A suivre)

 

Sources principales : « La poste au Havre des origines à nos jours », Raymond Rousselin, Société Philatélique havraise, 1948; « Hier, Le Havre, tome II », Jean Legoy, 1997.

 

 

 

 

1) « Le Messager des Chambres », jeudi 29 octobre 1829.

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Commentaires
H
Bonjour Gérard,<br /> <br /> Je connais et possède quelques cartes postales de 1898, elles sont appelée « précurseurs », car celui qui l’utilisait ne pouvait pas écrire au dos de celle-ci, le dos étant réservé qu’à l’adresse du destinataire. La face n’avait une petite photo n’occupant que 1/3 ou la moitié de la surface réservée au message de l’expéditeur. Le timbre fiscal était lui aussi sur la façade. Ensuite ce furent la carte postale dont le dos était divisé en deux, avec d’un côté la correspondance de l’envoyeur et l’adresse du destinataire. Mais le timbre fiscal devait toujours être collé sur la face comportant la photographie. Et l’expéditeur devait chercher sur la photo un espace suffisant pour coller son timbre sans masquer la photo elle-même.<br /> <br /> A partir de la première guerre mondiale on autorisa à coller le timbre sur le dos de celle-ci, pratique que nous utilisons toujours. Après la deuxième guerre mondiale le grand changement des cartes postale est technique, on les appelle les cartes postale semi-moderne, (CPSM) au contraire des cartes postales d’avant-guerre CPA (Carte Postale Ancienne). Les CPSM ont aussi ceci de particulier elles sont brillantes et de bien meilleures qualité que les cartes postales d’entre les deux guerres.<br /> <br /> Bon j’ai résumé, car l’histoire des cartes postales est aussi intéressante que l’histoire de la poste, Bonne continuation Gérard.
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