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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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18 octobre 2018

Comme une lettre à la Poste (1/4)

Arriv_e_du_courrierArrivée du courrier au Havre (Collection G.H.)

 

 

C'est dans un document officiel attribué à Philippe Le Bel que l'on trouve, en 1297, la première allusion à un service d’acheminement et de distribution des lettres, lequel avait été mis en place par l’Université de Paris pour répondre aux besoins de ses étudiants. L'expéditeur et le destinataire avaient alors toute latitude pour négocier le prix de la course. C'est au XIIIe siècle également que l'on note ici ou là l’apparition de messageries urbaines. Ces messagers des villes se déplacèrent à pied jusqu'à la fin du Moyen Âge, époque où l'on commença à utiliser le cheval pour les déplacements, les distances à parcourir s'étant à l'évidence sensiblement allongées.

Mais c'est à la fin du XVe siècle que l'on va assister à la naissance de ce que l'on peut véritablement considérer comme un véritable service de la poste. Soucieux de renforcer et structurer la cohésion du Royaume, et, par voie de conséquence, d'en améliorer les communications, Louis XI crée en 1477 (c'est la date généralement admise en dépit de l'extrait reproduit ci-dessous) la Poste d’État. Oh, ce premier service postal n'a pas la couverture publique de notre service de poste moderne. Il est, à cette époque, il faut, bien sûr, le préciser, à usage royal exclusif. « Quelle est l’intention du pouvoir royal ?, s'interrogent Anne Debal-Morche et Catherine Watel dans un billet des Archives départementales d’Indre-et-Loire, pour mieux y répondre : Pouvoir le plus rapidement possible transmettre des ordres ou recueillir des informations dans tous les coins du royaume. Le 19 juin 1464, il signe l’édit de Luxies (Somme) créant une « Poste royale » pouvant voyager au galop et bénéficiant de relais uniquement réservés aux communications officielles (cette date est contre-versée, le texte original de cet édit n’ayant pas été retrouvé) » (1).

 

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Et, s'il permet au Souverain de se tenir parfaitement au courant de l’état de ses provinces et de ses vassaux, il n'en constitue pas moins la première pierre d'un édifice qui, par la suite, ne cessera de grandir et de prendre de l'importance pour tous les Français. Et, pour donner à cette poste et à ceux qui l'utilisent les moyens d'accomplir leur mission dans les meilleures conditions, le Roi de France met en place un système de relais, espacés de 28 kilomètres environ et dirigés par des "tenants-poste", les ancêtres des maîtres de poste. Dans ces relais, les chevaucheurs qui acheminent la seule correspondance du Roi pourront se restaurer et changer de monture.

En 1576, pour la première fois, les messagers royaux sont autorisés à acheminer les lettres des particuliers. Néanmoins, on demeure encore assez loin d'un service public. Le Roi conserve le monopole du transport de courrier et, si ce service semble un tout petit peu se « démocratiser », la part représentée par le courrier des particuliers reste très modeste, réservé exclusivement à une caste de notables et de négociants dans le cadre restreint des administrations, des affaires et du commerce. C'est à cette époque, pourtant, que l'on assiste à l'apparition des premiers bureaux de poste qui s'accompagne sans doute de celle des premiers distributeurs que l'on nommera par la suite Postiers. Un bureau de la poste aux lettres est établi dans les villes de quelque importance.

Un arrêt du Conseil du Roi, daté du 27 février 1589 crée un office de messager-voiturier de Rouen au Havre et du Havre à Rouen. Ce service sera surtout utilisé par l 'administration municipale et par les négociants. « Chaque jour, vers quatre heures de l'après-midi, un messager à cheval ou en voiture emporte le courrier, lettres et paquets, vers Rouen et un autre venant de Rouen l'apporte vers huit heures du matin. Entre Le Havre et Rouen, les messagers utilisent quatre relais : la « Botte » à Saint-Aubin-Routot, Bolbec, Yvetôt et Barentin, où ils se restaurent et changent de chevaux » (2).

En 1595, un messager « spécial » quitte la ville du Havre. L'homme, un nommé Mathieu, a été chargé de transmettre au Roi Henri IV, qui séjournait alors en Bourgogne, la nouvelle de la mort du gouverneur de la ville, André de Brancas. Mais les routes du Royaume, notamment celles de Normandie, ne sont pas très sûres. Les brigands de grand chemin guettent les voyageurs et la guerre fait rage avec les Espagnols. Sur le chemin qui le mène vers son royal destinataire, le messager est attaqué par les Espagnols, emprisonné, volé, puis relâché.

 

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C'est en 1603 que naît la première poste aux lettres d’État, la première à être véritablement à la disposition du public. Mais sans doute souffrait-elle de bien des imperfections car, en 1622, elle est réorganisée sur ordre du Roi Louis XIII. Des bureaux de réception, de distribution, et perception des taxes sont ouverts. Au Havre, l'essor du commerce et l'activité militaire que connaît le port nécessitent l'emploi de quatre messagers-voituriers. Les utilisateurs du service déposent le courrier au bureau de poste, situé au XVIIIe siècle rue du Grand-Croissant (actuelle rue de Bretagne). Ils ont jusqu'à trois heures et demie de l'après-midi pour ce faire, pour le départ de quatre heures. Pour ce qui concerne le courrier à l'arrivée, ils ont la possibilité de le retirer le matin, à partir de huit heures ou d'attendre que l'un des deux facteurs chargés de le distribuer passe leur déposer à domicile.

Il arrivait, nous l'avons déjà signalé un peu plus haut, que le courrier « s'égare » en cours de route et ne parvienne jamais à son destinataire. Les attaques de messagers, les pillages, les vols, les détournements, les fraudes diverses et variées, faisaient partie des aléas de l'entreprise encore hasardeuse de la poste aux lettres. Ainsi, en 1653, rapporte Jean Legoy, les négociants havrais « se plaignent de « désinvolture » et du laisser-aller des messagers. Un expéditeur dit avoir remis une lettre contenant deux Louis d'or qui n'est jamais parvenue à son destinataire à Rouen. On le voit, le courrier n'arrivait pas toujours à destination. Messagers, attaqués, vols, détournement, fraudes diverses… » (3). Malgré ces avatars, les Postes Royales prennent de plus en plus d'importance.

On tenta, bien sûr, d'apporter quelque remède à ces désagréments. En 1629, par exemple, lorsqu'on autorisa le messager à porter des pistolets « en considération du danger et péril qu'il y a sur les chemins à cause des voleurs et vagabonds qui guettent les passants… ». On mit à la disposition des usagers des « boîtes aux lettres » dans l'espace public, où on s'imagina naïvement que le courrier serait à l'abri des gens mal intentionnés. Ce fut, on s'en doute bien, un cuisant échec auquel Antoine Furetière fait référence dans « Le roman bourgeois », une œuvre de fiction ancrée dans la réalité quotidienne de la bourgeoisie parisienne : « Il y eut encore un malheur plus signalé : c'est que la réponse qu'elle y fit (car elle a claré depuis y avoir répondu) fut perdue ; d'autant que, comme elle n'avait point de laquais, elle se contenta de mettre sa lettre dans de certaines boîtes qui étaient lors nouvellement attachées à tous les coins des rues, pour faire tenir des lettres de Paris à Paris ; sur lesquelles le Ciel versa de si malheureuses influences, que jamais aucune lettre ne fut rendue à son adresse, et à l'ouverture des boîtes, on trouva pour toutes choses des souris que des malicieux y avoient mises » (4).

(A suivre)

 

 

 

 

Sources principales : « La poste au Havre des origines à nos jours », Raymond Rousselin, Société Philatélique havraise, 1948; « Hier, Le Havre, tome II », Jean Legoy, 1997.

 

 

 

 

1) « De la poste aux chevaux au télégraphe », Anne Debal-Morche et Catherine Watel, Archives départementales d’Indre-et-Loire, les Samedis des Archives, 23 avril 2016.

2) « Hier, Le Havre, tome II », Jean Legoy, 1997.

3) « Hier, Le Havre, tome II », Jean Legoy, 1997.

4) « Le roman bourgeois », Antoine Furetière, 1666.

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Commentaires
H
Bonsoir Gérard,<br /> <br /> Que de progrès fait pour la distribution du courrier depuis cette époque. Mais de nos jour ce service public est plus ou moins menacé par internet. <br /> <br /> N’empêche, je pense que l’on aura toujours besoin de communiquer avec d’autres personnes par lettres, et puis n’oublions pas les colis qui, eux, ne passent pas par la fibre.<br /> <br /> En tout cas excellent article qui nous fait bien comprendre d’où ce service est parti, et c’est très intéressant merci Gérard.
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