Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Information

 Sauf indication contraire, toutes les cartes postales, gravures et photographies qui illustrent les messages de ce blog proviennent de la collection personnelle de l'auteur.

 

Mes romans

 

Couverture Emeutiers

Vous pouvez le commander en ligne :

www.editions-complicites.fr (4 euros de frais d’envoi), www.fnac.com, www.librairielechatpitre.com, www.armitiere.com, www.librairielabuissonniere.com, www.decitre.fr, www.rakuten.com, www.librest.com, www.leslibraires.fr.

 

Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

Newsletter
17 octobre 2018

Girolamo Bellarmato, architecte siennois

Bas_reliefs___3_

Au retour de ses campagnes militaires italiennes, Louis XII avait, le premier, ramené dans ses bagages les premières œuvres d'art et, surtout, les idées nouvelles qui allaient conduire le royaume de France sur le chemin de la Renaissance. Dans les années qui s'ensuivirent, notamment durant de règne de François 1er, l'italianisme devient à la mode, et les artistes italiens sont très courtisés. L'architecture et l'urbanisme n'échappent bien évidemment pas à ce phénomène et il est fait appel à leurs talents. Leurs idées nouvelles en matière d’urbanisme et de construction civile, mais aussi pour la construction de défenses et de fortifications, vont faire école et donner à la France, entre autres, ces merveilleux joyaux qui jalonnent la vallée de la Loire.

Comment s'étonner dès lors que François 1er, lorsqu'en 1540, un ingénieur militaire et architecte italien lui est présenté, ait très vite pensé à lui pour remettre un peu d'ordre dans l'anarchie qui avait donné à cette nouvelle ville du Havre un visage qui ne lui seyait guère.

Cet homme, dont François 1er a très probablement jugé la rencontre hautement providentielle, c'est Girolamo Bellarmato, dont le prénom sera plus tard francisé en « Jérôme », né à Sienne en 1493. Il avait fui précipitamment les troubles de sa ville natale l'année précédente et s'était ainsi retrouvé, on ne sait trop par quel cheminement, à faire la rencontre du roi de France.

En avril 1540, il est déjà, semble-t-il, au service de François 1er qui le charge d'établir des plans et des devis pour effectuer les remises en état et réaliser les fortifications qu'il estime nécessaires dans plusieurs villes du royaume. Est-ce dans ce but que le souverain envoie Bellarmato au Havre à la fin de l'année 1540 ? Ou a-t-il d'ores et déjà pris la décision de confier à l'ingénieur siennois la charge de repenser et de redessiner le plan d'urbanisme du quartier Notre-Dame ? Sans doute le roi songe-t-il déjà à la création d'un nouveau quartier pour répondre à l'afflux de population que connaissait à cette époque la cité océane et qu'il avait encouragé avec enthousiasme et détermination...

En 1541, le roi décide de racheter au seigneur de Graville le territoire de la nouvelle ville qu'il a décidé de prendre « entre ses mains » en la rattachant au domaine royal. Le 18 juin, François Ier donne commission à Girolamo Bellarmato, le nomme ordonnateur et contrôleur des dépenses, et lui donne les pleins pouvoirs pour avoir «l'œil, regard et superintendance tant sur les fortifications de la ville et havre en telle perfection de fortification, commodité et ornement de maisons que nous l'avons toujours désiré». Bellarmato soumet bientôt au roi le «portrait» de la ville à bâtir, lui propose « d’y faire la terre à la façon de Venise », c'est-à-dire de consolider le sol pour le mettre à l'abri des inondations. Dans le quartier Notre-Dame, où, en l'absence de tout plan d'urbanisation et de toutes règles de construction, chacun a eu tout le loisir de bâtir comme bon lui semblait, il ne pourra, sans doute à son grand regret, que mettre un tant soit peu d'ordre dans la voirie, revoir autant que faire se peut le tracé de certaines rues, tenter de limiter la hauteur des maisons, au moins pour les nouvelles constructions.

Mais son œuvre maîtresse allait être la création d'un nouveau quartier. Ou plus exactement de deux quartiers bien distincts qui furent bien des fois soit considérés comme un tout, soit confondus l'un avec l'autre. Celui qui sera baptisé du nom de son église, « Saint-François» , et celui dit « des Barres » qui sera retranché de l'enceinte de la ville quelques années plus tard. Du reste, l'abbé Pleuvri, entre autres, dans son « Histoire, antiquités et description de la ville et du port du Havre » est assez clair à ce sujet : « Jerôme Bellarmato, Gentilhomme Italien, fut chargé d'en fieffer les places, et d'en aligner les rues. On ne peut savoir quelle fut la distribution de celles qui formaient la partie du quartier des Barres, au midi de la crique ; elles ne subsistent plus. Mais pour celles de la partie qui regardait le nord, en-deçà de la crique, (c'est aujourd'hui le quartier de Saint François), on peut dire que cet ingénieur y réussit parfaitement » (1).

Mettant en pratique ses principes, et avec l'aval de François 1er, il va sans dire, l'ingénieur siennois va dessiner un plan rigoureux du nouveau quartier dont l'idée directrice consiste en un quadrillage des rues principales bordées de maisons dont l'élévation sera régie par une réglementation stricte et précise, exigeant que tout construction soit soumise à l'obtention d'une autorisation officielle qui ressemblait étrangement à ce que nous appelons de nos jours un permis de construire. Les voies principales, qui mènent toutes jusqu'à la chapelle située au nord-est du quartier, sont doublées par des voies secondaires, en arrière des habitations dont la destination initiale était de permettre la création d'un réseaux de canaux enterrés prévus pour l'évacuation des eaux usées et des immondices. Cette partie du projet, on ne sait pourquoi, ne sera jamais réalisée (2).

C'était peut-être en partie grâce à la composition initiale très rigoureuse de l’architecte siennois que, lorsque fut envisagée, en 1945, la reconstruction de l’île Saint-François, il fut possible de sauver ce quartier de la reconstruction à l'identique du centre-ville qui lui était promise par les plans d'Auguste Perret. Cela permit, après bien des débats animés et grâce à la campagne menée de haute lutte par l'Association des Amis du Vieux-Havre, dont le président était Georges Priem, de sauver bien des bâtiments anciens et de rebâtir ce qui devait l'être en respectant en majeure partie la trame du XVIe siècle (3).

Lorsque Bellarmato était arrivé au Havre, en 1540, les fortifications de la ville, consistaient en tout et pour tout en un rempart longeant à l'ouest le perrey le long de la rue des Murailles. L'ingénieur mandaté par François 1er fit construire une courtine équipée de bastions en forme d'éperons triangulaires, ceints de murs et surmontés d'une plate-forme avec parapet.

Mais Bellarmato n'aura pas le temps de mener jusqu'à son terme les différents chantiers pour lequel il était venu au Havre. Il est appelé à Paris en 1543 sur le chantier des fortifications de la capitale. Il a néanmoins accompli pour la ville, en l'espace de deux petites années, une œuvre colossale. Les travaux qu'il avait initiés seront continués par le maître maçon Pierre Sangrin.

Il sera aussi fait appel à lui pour étudier les défenses de Modène. Il revient ensuite en France en 1545. Il est nommé « commissaire général du roi aux fortifications du duché de Bourgogne ». En 1545, il est à Lyon. Il travaille pendant l'hiver 1546-1547 à la construction du bastion de Guise à Dijon. En mars suivant, il s’attelle à la réalisation de la nouvelle enceinte de Chalon-sur-Saône dont il va superviser la construction jusqu'à sa mort, en 1555. Cela ne l'empêchera pas, durant cette même période, de faire des séjours en Picardie en 1549 et en Champagne en 1553. Il avait reçu sa naturalisation française en janvier 1547 (4).

 

 

1) « Histoire, antiquités et description de la ville et du port du Havre de Grâce, avec un traité de son commerce », Jacques-Olivier Pleuvri, 1769.

2) http://www.thucydide.com/realisations/comprendre/villes/le_havre/havre4.htm

3) http://unesco.lehavre.fr/fr/comprendre/lile-saint-francois

4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Girolamo_Bellarmato

Publicité
Publicité
Commentaires
H
C’est quand tu voudras Gérard un p’tit mail et hop on prend rendez-vous !
Répondre
H
Bonjour Gérard,<br /> <br /> On peut dire que Bellarmato est le père spirituel de Sébastien Leprêtre Vauban. Quant au quartier Saint-François, s’il a songé à le rehausser, cela ne suffisait pas pour le préserver des inondations. C’est ainsi qu’à la reconstruction les géomètres ont fait un travail remarquable pour rehausser ses rues sans toutefois altérer ce qui restait des anciennes constructions. Et ça je pense que tu l’as bien vu lors de notre visite.<br /> <br /> Bonne journée l’ami
Répondre
Publicité