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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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3 avril 2017

Le boulevard Foch

La caisse d'épargneLe siège de la Caisse d'Epargne et le boulevard Foch

 

 

Le chantier de la seconde tranche du boulevard Impérial avait été commencé en septembre 1860. Achevée en juillet de l’année suivante, elle menait en ligne droite le voyageur qui débarquait au Havre de la gare à la plage, en traversant la plaine d’Ingouville.

Autrefois, ce grand espace n’était qu’une vaste étendue marécageuse agrémentée de quelques mares et quelques îlots de terrain un peu plus stables. Comme cette portion de pré sur laquelle, à la fin du XVIe siècle, on construisit, pour tenter de juguler des épidémies de peste à répétitions, un lazaret qui permettait de tenir les malades hors la ville. On y adjoindra une chapelle que l’on dédia à Saint-Roch.

Au XVIIe siècle, on avait installé des moulins dans la plaine d’Ingouville, dans le but, pour certains d’entre eux, d’assécher les marais. J’avais lu il y a quelque temps, qu’on avait fait venir ces moulins de Hollande, ce pays passé maître dans l’art de rendre viables les terres gagnées sur la mer. « C’étaient des moulins à grains ou des moulins à assécher les marais (…) 4 moulins ont survécu au Perrey jusqu’au milieu du 19e siècle. Le dernier est détruit en 1862.1 », peut-on lire dans le fascicule que les Indicateurs du Patrimoine ont consacré au Havre. Peu à peu, le terrain s’affermit et l’on put le mettre en culture. Le pied de la « côte » et les abords de la chaussée d’Ingouville se couvrent de parcelles cultivées, d’arbres fruitiers et de cabanes dans lesquelles s’abritent les laboureurs et les jardiniers. Toutefois, il subsistait bien, ici et là, quelques retenues d’eau, dont la fameuse mare aux Huguenots, dont nous parlent les auteurs d’un ouvrage consacré au quartier Saint-Vincent : « C’est près de cette mare que les Huguenots, alliés des Anglais, venaient enterrer leurs morts. Pour la situer, on pourrait actuellement voir sa surface s’étendre du square Saint-Roch à la Porte Océane dans sa longueur, et pour sa largeur, le boulevard Foch et une partie des voies avoisinant l’église Saint-Joseph.2 » À cette lecture, on se rend compte que cette vaste étendue d’eau recouvrait quasiment la moitié ouest du boulevard.

En 1763, pour des raisons de salubrité publique, est décrétée l’interdiction d’inhumer les défunts en ville, autour des églises, comme il était de coutume de le faire jusque-là. Toutefois, il faudra attendre 1782 pour que les échevins décident d’acheter le pré Saint-Roch et d’en faire le cimetière municipal. Le terrain est alors entouré de murs et la chapelle de l’ancien lazaret devient chapelle funéraire. En 1851, s’ouvre sur la « côte » le cimetière Sainte-Marie. Le cimetière Saint-Roch n’a alors plus de raison d’être. Il est aménagé en jardin botanique en 1865 et l’on y donne des cours d’horticulture. En 1869, on le dote d’un splendide aquarium qui sera démoli en 1891, faute de visiteurs. Une fois encore, le square est réaménagé et un kiosque à musique y fait son apparition dans les années 1900. il devint alors un lieu de promenade pour les Havrais, avec son lac et ses cygnes, avec des voitures tirées par des chèvres qui promènent les enfants. Nous reviendrons plus longuement sur l’Histoire de cet espace vert situé en plein centre-ville, à deux pas de la plage…

En 1870, comme l’autre moitié du boulevard Impérial, celle qui mène de l’Hôtel de ville à la mer, prend le nom de « boulevard de Strasbourg ». Immédiatement, son statut résidentiel se confirme et les négociants y installent leurs habitations bourgeoises. Celles-ci restent toutefois entourées de nombreux espaces verts, à l’image du cimetière Saint-Roch, transformé en jardin public en 1865. La seule construction importante qui ne soit pas la demeure d’un négociant est le quadrilatère borné par le boulevard de Strasbourg et les rues de Metz, Jules Ancel et de Toul. L’architecte Émile Bénard y met en chantier en 1883 l’immeuble qui permettra au siège de la Caisse d’Épargne de quitter les locaux de l’Hôtel de ville qui l’hébergeaient jusqu’à présent. L’édifice est inauguré le 10 août 1884. Un an plus tard, le 6 septembre 1885, avait lieu l’inauguration du lycée de filles de la rue Jules Ancel. Mais la mer, sans doute soucieuse de tempérer l’enthousiasme général suscité par toutes ces prestigieuses réalisations, se chargeait de rappeler qu’ici se tenait, peu de temps auparavant encore, son domaine exclusif. Le 11 septembre 1885, « au cours d’une forte marée, le flot déborde sur l’extrémité du boulevard de Strasbourg.3 » Un simple avertissement sans frais, certes, mais qui, toutefois, marqua fortement les esprits…

En 1904, l’ouverture de la nouvelle digue nord autorise l’aménagement du terre-plein nord du nouvel avant-port qui devint une large esplanade. Et c’est sur ce large espace qu’en 1924, est inauguré le monument de la reconnaissance belge que l’on devait à l’architecte belge Henri Derée et au sculpteur Jules Lagaé. Mis à l’abri durant la seconde guerre mondiale pour échapper à la fonte promise parl’occupant, il fut réinstallé en 1955 à l’endroit où on peut le voir de nos jours, place des Brindes, à la frontière entre Le Havre et Sainte-Adresse.

Cette section ouest du boulevard de Strasbourg, qui avait pris le nom de « Boulevard Foch » en 1929, est renommée « Avenue » par une délibération du conseil Municipal du 25 avril 1932. C’était alors une large artère, longue de 700 mètres, bordée de platanes. Mais, comme la plus grande partie du centre-ville, les bombardements de septembre 1944 allaient faire table rase de cette avenue qui faisait la fierté des Havrais, tout comme ne sera pas non plus épargné le jardin public qui, ravagé par le déluge de feu, retrouvera un temps, dans l’urgence, la fonction de cimetière qui était jadis la sienne.

Les ateliers d’Auguste Perret livreront une nouvelle avenue, constituée d’une large voie centrale, de contre-allées arborées propices à la promenade, et d’immeubles de cinq niveaux dont certains sont ornementés de bas-reliefs qui évoquent les grandes figures de l’histoire, de l’art et de l’industrie de la cité. Du 11 au 21 juin 1994, l’avenue fut fermée à la circulation automobile. En effet, elle servit de cadre à une gigantesque exposition organisée pour la commémoration du cinquantième anniversaire de la Libération. Un campement militaire américain y avait été reconstitué, et des avions, des véhicules et du matériel, le tout d’époque, avait immergé les nombreux visiteurs dans une ambiance des années 40. Aujourd’hui scindée en deux par les rails du tramway, elle est, en toute modestie, bien sur, aux Havrais ce que l’avenue des Champs-Élysées est aux Parisiens. À son extrémité ouest, les deux tours de la Porte Océane semblent s’ouvrir directement sur la mer…

1) « Le Havre, ville, port et agglomération », Indicateurs du Patrimoine, 1999.

2) « Saint-Vincent-de-Paul, quartier phare de la Porte Océane », Max Bengtsson et Gilbert Betton, 1999.

3) « Le Havre, de 1517 à 1966, 2.500 dates au fil des années », Michel Éloy, 1967.

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Commentaires
G
Votre écriture donne la vie à ces marais qui, petit à petit, sont remplacés par des immeubles, des routes... et ces moulins,.. Il est dommage qu' aucun d'eux ne soit resté, témoin de ces temps anciens...
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