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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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29 mars 2017

Le petit Louvre

Statue de François 1er (1924)Le troisième Hôtel de ville du Havre

 

 

La loi promulguée le 9 juillet 1852 avait donc condamné à la démolition les fortifications du Havre, en même temps qu’elle prévoyait le comblement des fossés et qu’elle autorisait l’annexion des communes limitrophes d’Ingouville, du Bas-Sanvic, et le rattachement au Havre de la partie ouest de Graville et de l’Eure. Mais le contrat passé entre la ville et l’État comportait une clause, ratifiée par un décret et une loi, publiés respectivement le 24 mai et le 22 juin1854, qui impliquait la construction, sur le tracé des défuntes fortifications, d’un nouvel Hôtel de ville.

Cette nouvelle maison commune, la troisième dans l’Histoire de la cité, devait devenir le symbole manifeste et triomphant, puisqu’il en fallait un, du formidable essor économique, commercial et démographique qui, en ce milieu de XIXe siècle, avait comblé Le Havre de ses bonnes grâces. Les plans avaient été confiés aux bons soins de l’expérimenté architecte municipal Charles Fortuné Brunet-Debaines qui, voulant sans doute rendre un hommage mérité au fondateur du port et de la ville, l’avait conçu dans le plus pur style Renaissance. La première pierre en fut posée en 2 septembre 1855 par le Prince Jérôme-Napoléon, le jardin inauguré moins d’un an plus tard, le 15 août 1856. Bien que partiellement achevé, il accueille les élus municipaux le 29 septembre 1859. Il se dit que ce serait l’Empereur Napoléon III, en visite au Havre, qui, le premier, l’aurait qualifié de « Petit Louvre ». Un surnom qui fut adopté par la suite par la population havraise.

Le bâtiment principal de l’édifice, est flanqué de deux ailes parallèles qui encadrent une cour intérieure. L’ensemble est fermé par une grille qui entoure en partie le bâtiment qui s’élève au carrefour du nouveau boulevard Impérial (futur boulevard de Strasbourg), cette artère qui conduira, lorsqu’on l’aura prolongé, les voyageurs de la gare jusqu’à la mer, et de la rue de Paris qui est étendue à présent, au nord jusque dans la plaine d’Ingouville. On y retrouvera aussi, dans sa façade, selon l’auteur des « 3 Hôtels de ville du Havre », un petit air de ressemblance avec celle de l’Hôtel de ville de Paris1. Lequel auteur nous en donne par ailleurs une description particulièrement complète, dont nous nous contenterons de reproduire quelques extraits : « Deux étages à fenêtres cintrées, de grandes mansardes en pierre, des toits élevés et couronnés de crêtes en plomb, un dôme central surmonté d’un beffroi, tel est, dans son ensemble, l’aspect extérieur du monument. On accède dans l’intérieur de l’édifice par trois grandes arcades qui forment la base du corps central. À droite et à gauche, sont deux vastes escaliers donnant accès à l’entresol, où sont établis d’un côté les bureaux de l’état-civil et des passeports, de l’autre l’octroi, la caisse municipale et celle du bureau de bienfaisance, ainsi que la caisse d’épargnes ()Au premier étage, sont les salons de réception sur la façade, les bureaux du secrétariat sur le derrière, les cabinets du maire et des adjoints dans l’aile de l’est et les appartements du Souverain dans l’aile de l’ouest. Les salons de réception présentent un magnifique ensemble de trois galeries et de deux petits salons qui permettront d’y organiser une fête magnifique…2 »

Mais le nouvel Hôtel de ville, qui, à présent, se dresse fièrement dans la plaine d’Ingouville encore en voie d’urbanisation, n’est pas totalement exempt de critiques. Le même Victor Toussaint, l’auteur des « 3 Hôtels de ville du Havre », à peine achevé cette longue tirade dans laquelle il nous livre une description fort détaillée de l’édifice, ne se gêne guère pour en formuler quelques-unes : « On peut regretter qu’il soit placé un peu en contre-bas de la rue de Paris ; mais ce défaut pourra être corrigé en changeant le nivellement du pavé de cette rue. Parmi les critiques les plus fondées, on peut citer le défaut de saillie du corps central, la mesquinerie du fronton, le peu d’épaisseur des moulures qui entourent les fenêtres, les dimensions exiguës d’une partie de ces fenêtres, la trop grande ressemblance existant entre une partie de l’édifice et le Musée ;3 »

Mais le voici qui se « rachète » un peu plus loin, admiratif devant le point de vue qui s’offre au visiteur du faîte du nouveau bâtiment : « Nous avons dit que l’édifice était couronné par un beffroi. De cette hauteur, l’on domine la ville entière, les bassins, la rade, l’embouchure de la Seine, et l’on se trouve placé en face de la grande avenue du château d’Orcher. C’est un panorama vraiment magnifique, et qui impressionne vivement les spectateurs. De là, l’on plane sur la place Napoléon III et sur l’élégant jardin tracé par M. Loyre, de Paris.4 »

À l’ouest du « Petit Louvre », une orangerie vit le jour en 1859. Au sud, une grande place avait été dessinée. Rapidement, trois immeubles furent élevés à l’est, de part et d’autre du boulevard Impérial, par l’architecte havrais Roussel. Mais, une fois encore, hélas, aucun plan général d’urbanisme n’était venu codifier ces constructions, en dépit des tentatives des services municipaux, dont les préconisations resteront lettres mortes. Au centre de la place, un élégant jardin public avait été aménagé. Il offrait aux promeneurs un cadre bucolique grandement apprécié et fréquenté, d’autant qu’ils s’y retrouvèrent souvent autour du kiosque à musique qu’on y avait édifié en 1892. En 1920, cette structure fut remplacée par un monument, composé d’une fontaine surmontée d’une statue en bronze de François 1er,élevé à la gloire du souverain qui avait présidé à la création du Havre en 1517.

Hélas, Victor Toussaint s’était horriblement trompé quand il écrivait : « Ce nouvel Hôtel-de-Ville sera sans doute définitif. Il est conçu dans des dimensions suffisantes pour les besoins du présent et pour ceux de l’avenir.5 » Le 5 septembre 1944, l’Hôtel de ville sera totalement détruit par les bombardements « alliés ». Le jardin et la fontaine qui l’ornementait n’échapperont pas au désastre, eux non plus. La statue de François 1er, mis à l’abri de la convoitise des Allemands, resta cachée fort longtemps après la fin de la guerre. Enfin retrouvée (Pur hasard ?), elle accueille aujourd’hui les visiteurs dans le hall d’entrée de l’Hôtel de ville reconstruit.

Sur les décombres de l’Hôtel de ville anéanti par les bombes anglaises, les ateliers Auguste Perret donneront naissance à une nouvelle maison commune. Le chantier est démarré en septembre 1952 et sera achevé en 1958. C’est un imposant bâtiment qui occupe le côté nord d’un parvis, lequel prend la forme d’un jardin, habile mariage du végétal et du minéral. Du haut de ses 90 mètres, la tour de 17 étages qui accueille les services administratifs semble, tel un beffroi, veiller sur la ville. À ses pieds, le bâtiment tout en longueur, qui s’étire à l’est, abrite les salons. Des travaux ont permis l’extension de la bâtisse sur la façade nord en 1987 et, en 1990, les jardins ont été entièrement redessinés. Depuis décembre 2012, les rails du tramway traversent le parvis d’est en ouest.

1,2,3,4,5) « Les 3 Hôtels de ville du Havre », Victor Toussaint, 1859.

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