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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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23 mars 2017

Le Musée-Bibliothèque

Le Musée-BibliothèqueLe Musée-Bibliothèque

 

 

On se souvient qu’en 1842, le Logis du Roi, qui fut le premier Hôtel de ville du Havre, avait été livré aux démolisseurs. On entreprit dès l’année suivante, sur l’espace ainsi libéré, la construction d’un nouveau bâtiment dont la fonction initiale était d’abriter le Musée des Beaux-Arts, la Bibliothèque Municipale et le Muséum d’Histoire Naturelle. La réalisation des plans en avait été confiée à Fortuné Brunet-Debaines, l’architecte de la ville, et les sculptures du décor seront l’œuvre de l’artiste Syanet. La première pierre en fut posée en 1843 par le Maire du Havre Adrien Lemaître.

L’espace alloué au nouvel édifice n’était guère étendu et la réalisation d’une entreprise somme toute réellement ambitieuse relevait assurément d’un authentique exploit. C’est ce que n’hésite pas à souligner Joseph Morlent dans son « Nouveau guide du voyageur au Havre et dans les environs » : « Le programme que M. Brunet-Debaines avait à remplir consistait à édifier, sur un terrain assez restreint, et isolé sur trois faces, un monument destiné à contenir un musée de tableaux, des galeries de bibliothèque et des collections d’histoire naturelle. La combinaison adoptée par l’architecte, pour satisfaire à toutes les exigences de cette triple destination, est remarquablement ingénieuse.1 »

Bien sûr, il y avait bien ici ou là quelques critiques qui ne manquèrent pas de se manifester, comme ce dénommé Caumont dont se fait l’écho Ambroise Joly dans ses « Souvenirs d’enfance et de jeunesse » : « Quand le Musée fut achevé, Caumont – qui, sous le pseudonyme de Pausanias Schumaker, dirigeait le journal satirique le Furet fit reproche à l’architecte Brunet-Debaisne de s’être passé la fantaisie de construire un palais pour n’abriter qu’un escalier : indiquant par là l’importance exagérée, selon lui, de cette partie de l’édifice.2 » On laissera à chacun le soin d’apprécier si elles étaient justifiées ou pas.

Ouvert au public en 1845, le nouveau Musée était finalement officiellement inauguré en 1847. Au fur et à mesure, les collections de peinture et de sculpture commencèrent à s’étoffer et le Musée rassembla bientôt des œuvres d’une qualité propre à en faire un lieu de culture prisé aussi bien des Havrais que des touristes. Joseph Morlent, encore lui, nous en livre une description détaillée dans « Le Havre en miniatures ». Alors, laissons-lui la plume. Voici ce qu’il écrit en 1853 précisément : « Le Musée est précédé d’une cour d’honneur entourée d’une grille à hauteur d’appui. L’entrée de la cour est fermée par deux piédestaux destinés à recevoir les statues de bronze de Casimir-Delavigne et de Bernardin-de-St-Pierre, nés l’un et l’autre au Havre. La façade est surmontée de statues allégoriques groupées de chaque côté d’un cadran éclairé par un système particulier, de l’invention d’un de nos compatriotes M. J. Dorey. Le vestibule et la salle du rez-de-chaussée sont ornés d’une belle colonnade ; à droite et à gauche, les galeries des collections d’histoire naturelle, le fond est occupé par un magnifique escalier qui conduit au grand salon de peinture et à deux galeries latérales affectées à la bibliothèque publique du Havre. Sur le premier pallier de l’escalier, on a placé, en 1850, une statue de François 1er, œuvre de M. Dumont, l’auteur du Génie de la Liberté qui surmonte la colonne de juillet à Paris.3 »

En 1852, donc, deux statues en bronze réalisées par David d’Angers avaient été inaugurées devant le parvis du bâtiment. Elles représentent Bernardin de Saint-Pierre et Casimir Delavigne, deux illustres natifs du Havre, hommes de lettres, et elles resteront là jusqu’en 1893, date à laquelle elles seront transférées place Gambetta. Les Havrais d’aujourd’hui les connaissent bien, puisqu’elles sont disposées de nos jours de part et d’autre de l’entrée du Palais de Justice. Ambroise Joly avait assisté à cette inauguration, ce jour-là, sur le parvis du Musée. Il nous livre son témoignage, toujours dans ses « Souvenirs d’enfance et de jeunesse » : « À ce sujet je dirai qu’en 1852, le jour de l’inauguration des statues (déménagées depuis de leur emplacement primitif), je vis, sur l’estrade, au milieu des personnages officiels, des écrivains et des artistes venus pour assister à la cérémonie, je vis cette vivante antithèse : Ancelot, l’académicien havrais et… Alfred de Musset !4 »

Outre les œuvres d’art, peintures, sculptures, qui en faisaient la richesse, le Musée abritait aussi les collections de fossiles et de roches du Muséum d’Histoire Naturelle et la Bibliothèque Municipale. Comme la plupart de ces bibliothèques, celle du Havre s’était probablement constituée lors de la Révolution de 1789, par la captation des collections des différentes abbayes de la région, notamment celle de Montivilliers. À mesure que le temps passait, les trois univers qui se côtoyaient s’enrichissaient peu à peu, et ne cessaient de prendre de la consistance… et de la place ! Et ce qui devait arriver arriva. L’espace commençait à manquer cruellement. En 1879, le Muséum d’Histoire Naturelle quitta les lieux pour aller s’installer place du Vieux-Marché, dans les locaux libérés par les services de la Justice. Puis c’est la Bibliothèque Municipale qui, à son tour, quitte, en 1881, les locaux du Musée pour le lycée de garçons, avant de s’installer rue Jules Lecesne. Les Beaux-Arts étaient désormais seuls maîtres des lieux.

Le Musée des Beaux-Arts a été totalement détruit au cours des bombardements de septembre 1944. Même s’il se situait dans ce qu’il était convenu d’appeler la vieille ville, à l’extrémité sud de la rue de Paris, il fut bel et bien le dernier édifice construit au Havre sous le sceau du projet Lamandé.

 

 

 

1) « Nouveau guide du voyageur au Havre et dans les environs, Joseph Morlent, 1853.

2) « Souvenirs d’enfance et de jeunesse », Ambroise Joly, 1862.

3) « Le Havre en miniatures », Joseph Morlent, 1853.

4) « Souvenirs d’enfance et de jeunesse », Ambroise Joly, 1862.

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