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Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
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Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

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16 février 2017

Les fortifications

Vauban inspecte les fortifications de la ville 

 

 

Visite VaubanNous nous garderons bien d’affirmer, comme Charles Vesques, que « François 1er, en fondant Le Havre, eut pour but unique d’en faire un port capable d’empêcher les descentes des Anglais sur les côtes de la Manche1 », tant il paraît évident que l’idée directrice qui a prévalu à cette création était bel et bien d’apporter une réponse aux négociants harfleurais et rouennais qui réclamaient depuis très longtemps à cor et à cri que fut ouvert un port d’allège dans l’estuaire de la Seine. Compte tenu qu’Harfleur et Leure n’étaient plus en mesure de jouer ce rôle capital dans l’acheminement des marchandises, il devenait pour eux urgent de trouver une solution pérenne à ce problème qui mettait, chaque jour un peu plus, en péril le commerce maritime.

 

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Toutefois, il est permis de croire que l’intérêt « défensif » et « militaire » dut naître assez rapidement dans l’esprit du souverain. Quoi de plus naturel et légitime face à une menace venue de la mer qui avait été de tous temps une préoccupation majeure dans cet estuaire qui ouvrait à ceux qui s’y engageaient la route fluviale vers Rouen et Paris ? Du reste, les défenses dont il dota, en priorité, le nouveau havre suffisent à elles-seules à lever tous les doutes qui pourraient exister à ce sujet. La tour François 1er et les retranchements étaient là pour en témoigner.

Donc, la construction de cette « grosse » tour avait été le premier élément de défense dont avait été doté le nouveau havre. La priorité. Une réalisation à laquelle s’intéressa de très près le souverain, même si de nombreuses lieues le tenaient fréquemment éloigné du chantier. Ainsi, le lieutenant du sieur du Chillou, Jacques d’Estimauville, s’était-il rendu à de nombreuses reprises auprès du roi pour rendre compte de l’avancement du chantier, pour s’enquérir de l’épaisseur qu’il convenait de donner aux murs de la tour par exemple. On le voit, il semble que rien, ou presque, n’était entrepris sur le chantier de la tour sans que l’on ait pris au préalable l’avis et l’aval de François 1er.

Un second ouvrage de défense avait aussi été élevé à côté de la chapelle en bois qui fut le premier édifice religieux de la ville. C’était une tour, là aussi, qui fera plus tard office de clocher, mais dont la première fonction fut bien de servir de place forte, pour défendre l’avant-port, et d’amer, pour guider les navires approchant du port. Nous en reparlerons, bien évidemment, dans le chapitre que nous consacrerons à l’église Notre-Dame, mais il était important de le mentionner ici.

 

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C’est à l’occasion d’une alerte que le perrey fut couvert de batteries, mais le Roi, jugeant avec raison que ce dispositif était notoirement insuffisant, ordonna que l’on ceigne le port et la ville naissante de retranchements et de terrasses. Était-ce dans son esprit un dispositif provisoire, instauré dans l’urgence, nécessitant amélioration et consolidation ? L’argent lui a-t-il manqué pour parachever ces ouvrages ? Ou est-ce le temps qui lui fit défaut ? Qui saurait le dire formellement ? Toujours est-il que François 1er meurt en 1547 en laissant un chantier inachevé.

C’est à son fils et successeur Henri II qu’incomba la tâche de poursuivre son œuvre. Le nouveau souverain visita Le Havre en 1549 et il ordonna qu’en lieu et place des retranchements et des terrasses soient édifiés des remparts. « Les volontés royales s’accomplissent et bientôt Le Havre fut entouré de remparts, de fossés, défendu par les bastions de Sainte-Adresse, de Sainte-Croix ou de la Musique (nommé ainsi à cause de l’écho qu’on y entendait) et de l’Hôpital. Les portes du Perrey et d’Ingouville furent ajoutées à celle de l’Eure, et on éleva des boulevards près la fontaine des Barres et entre la jetée sud et la porte de l’Eure.2 » Charles Vesques nous donne ainsi un renseignement bien précieux qui nous sera très utile pour la suite de notre Histoire : Les premières portes d’Ingouville et du Perrey datent donc de cette époque…

 

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En 1563, pour parfaire la sûreté de l’entrée du port, le sieur de Ferrières, vidame de Chartres, qui a été nommé gouverneur de la ville l’année précédente, fait construire une nouvelle tour à l’extrémité de la jetée sud. Bien que plus modeste, elle s’inscrit, bien qu’avec un peu de retard, dans le projet initial du fondateur du Havre et que le souverain avait renoncé à faire construire, sans doute pour des raisons financières. Le nouvel édifice se dresse face à la tour François 1er et la chaîne qui est alors tendue entre elles permet de commander l’entrée du port.

L’année suivante, après avoir renoncé à faire démolir les remparts de la ville, suivant en cela l’avis de ses conseillers, Charles IX charge l’ingénieur italien Jules César Spinelli de construire une citadelle en lieu et place de l’ancien quartier des Barres que les remparts édifiés en 1550 avaient « rejeté » au-delà des limites de la ville. La raison d’être de ce nouvel équipement ne laisse guère de place au doute : Depuis les événements survenus quelques années plus tôt et qui avaient opposé Catholiques et Protestants, il s’agit bel et bien de surveiller étroitement les habitants de la cité, dont un grand nombre est resté acquis aux idées de la Réforme. Les canons de la nouvelle citadelle seront donc en tout premier lieu tournés en direction de la ville.

À l’aube du XVIIIe siècle, on s’interroge à nouveau sur l’opportunité, ou non, de démanteler le port militaire du Havre et de démolir les remparts. « En 1705, on agita encore dans les conseils du roi, comme on l’avait déjà fait en 1564 et en 1688, la question du démantèlement de la place du Havre, mais malheureusement la majorité se prononça une troisième fois pour le maintien des fortifications, et on construisit même de nouvelles batteries du côté de Sainte-Adresse.3 » Une fois encore, même si cela ne semble pas être la bonne option pour Frédéric de Coninck, les fortifications semblent trouver auprès de Louis XIV leur justification.

 

Napoléon sur les remparts

Mais c’est, hélas pour les remparts nord du moins, reculer pour mieux sauter. La ville, telle qu’elle avait été conçue à l’origine était de plus en plus à l’étroit, et il fallut bien trouver une solution à une situation qui allait en empirant et qui posait de plus en plus de problèmes. Plusieurs projets sont mis à l’étude et c’est celui de l’ingénieur Lamandé qui recueille les faveurs de la Chambre du Commerce, de la Ville du Havre et de l’assemblée des Ponts et Chaussées. En 1787, il est approuvé et validé par Louis XVI en personne. « À un ancien projet (celui de Decaux datant de 1779), l’ingénieur Lamandé emprunte le bassin pour le commerce, à creuser sur le territoire d’Ingouville au nord du quartier Saint-François (…) Cette implantation entraînerait la destruction des remparts nord et leur déplacement de 500 mètres, l’agrandissement de la ville se faisant autour du nouvel ouvrage.4 »

À peine effectif, le plan Lamandé se révélait déjà notoirement insuffisant. Tant bien que mal, la situation restera ce qu’elle était jusqu’au milieu du XIXe siècle. L’essor économique et la prospérité qui marquèrent cette période s’accompagnèrent d’une nouvelle poussée démographique qui contraignit les édiles à envisager des solutions à la mesure du problème. Et les voix sont de plus en plus nombreuses à réclamer au pouvoir politique la suppression du statut de place-forte et la démolition de ces remparts dont on estimait qu’ils étouffaient la ville et étaient un frein à son développement.

La loi du 2juillet 1852 sonne le glas des fortifications de la ville. « Cette loi si désirée prononçait enfin, s’enthousiasme Frédéric de Coninck, la suppression des fortifications du Havre et l’annexion des la commune d’Ingouville, ainsi que celle d’une notable portion de la commune de Graville et d’une fraction de celle de Sanvic. Mais la démolition des remparts ne fut commencée qu’en 1854.5 » Ainsi disparurent les fortifications du Havre. Sur le tracé des remparts est et nord, on ouvrit le boulevard Impérial (de Strasbourg aujourd’hui), et sur les vestiges du rempart ouest, on prolongea le boulevard Impérial (Avenue Foch aujourd’hui) jusqu’à la mer et on ouvrit le boulevard François 1er. Tout au long de ce chemin triomphal qui menait les voyageurs de la gare à la plage, on dressa une haie d’honneur composée du nouveau palais de Justice, de la nouvelle sous-Préfecture et du magnifique Hôtel de Ville que les Havrais ne tardèrent guère à surnommer « Le petit Louvre ».

Ainsi disparurent à jamais ces fortifications sur lesquelles était pourtant monté en 1810 l’Empereur Napoléon et pour lesquelles il avait ordonné qu’elles fussent complétées et renforcées, et sur lesquelles, durant les périodes de paix, les Havrais aimaient tant se retrouver et s’y promener, comme le rappelait Charles Vesques en 1856 : « En 1840, au moment où l’on pût croire à une guerre prochaine entre la France et l’Angleterre, toutes les servitudes militaires furent rétablies. Ce fut alors que l’on éleva les cavaliers sur les remparts, ouvrages qui n’eurent d’autres résultats que la suppression des boulevarts plantés de beaux arbres qui servaient de promenade aux habitants.6 »

1) « Notice historique sur les fortifications du Havre », Charles Vesques, 1856.

2) « Notice historique sur les fortifications du Havre », Charles Vesques, 1856.

3) « Le Havre, Petite Histoire civile, politique, militaire et économique », Frédéric de Coninck, 1869.

4) « Le Havre, un port, des villes neuves », Claire Etienne-Steiner, 2005.

5) « Le Havre, Petite Histoire civile, politique, militaire et économique », Frédéric de Coninck, 1869.

6) « Notice historique sur les fortifications du Havre », Charles Vesques, 1856.

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