Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il était un Havre
Il était un Havre
  • Comme son nom l’indique, Le Havre fut d’abord un port avant de devenir une ville. C'est à la fois la plus récente des villes françaises et le benjamin de nos grands ports. Je vous propose un petit voyage dans le temps à la découverte de son passé.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Information

 Sauf indication contraire, toutes les cartes postales, gravures et photographies qui illustrent les messages de ce blog proviennent de la collection personnelle de l'auteur.

 

Mes romans

 

Couverture Emeutiers

Vous pouvez le commander en ligne :

www.editions-complicites.fr (4 euros de frais d’envoi), www.fnac.com, www.librairielechatpitre.com, www.armitiere.com, www.librairielabuissonniere.com, www.decitre.fr, www.rakuten.com, www.librest.com, www.leslibraires.fr.

 

Au Havre, il est en vente à la Galerne, à la FNAC et à Auchan Montgaillard.

Newsletter
8 février 2017

Le Chef-de-Caux

La Hève, les pharesLe cap de la Hève (Extrait de "Nouveau guide du voyageur au Havre et dans les environs", Joseph Morlent)

 

 

C’est à l’extrémité du cap de la Hève, niché sous la falaise, que s’étaient regroupés le port et les habitations du Chef-de-Caux.

 

la_hav11

L’étymologie, là, au moins, est d’une limpidité et d’une évidence que l’on souhaiterait souvent rencontrer. Il se trouve que le cap de la Hève, qui, autrefois, s’avançait beaucoup plus loin dans la mer, marque l’extrémité du pays de Caux. Quoi de plus naturel, dès lors, d’appeler la cité qui s’y était établie le « chef », la « tête » de Caux ? Caput Caleti. On le verra un peu plus loin, les origines du nom de « Sainte-Adresse », qui devint le nom de la localité après la catastrophe du XIVe siècle1, sont beaucoup plus obscures, et la question n’a toujours pas reçu une réponse claire et définitive.

Nombreux sont les indices qui nous ont permis d’acquérir la certitude que l’occupation humaine du site remonte à la nuit des temps. Des artefacts de l’âge de pierre, de l’âge du bronze, des traces manifestes d’une occupation à l’époque celte, puis gallo-romaine, autant de découvertes mises au jour notamment à la faveur des incessants éboulements de la falaise qui ont émaillé l’Histoire du cap de la Hève, auxquelles il faut ajouter les voies antiques qui, du nord du pays de Caux, convergeaient vers le site qui nous occupe et qui mettent en évidence la position stratégique que celui-ci devait déjà occuper.

 

img483

Quoi de plus naturel finalement ? Comment nos ancêtres auraient-ils pu ignorer cette position avancée et hautement favorable, stratégique et privilégiée, ce promontoire qui, de plus, leur offrait un abri naturel pour leurs embarcations ? Comment auraient-ils pu le dédaigner ? Mais chaque médaille a son revers. Et le Chef-de-Caux, quel que fut son nom à cette époque n’échappa pas à la règle. Ses habitants furent en effet aux premières loges pour voir arriver dans l’estuaire les pirates saxons, puis plus tard, les knörir2 vikings, et sans doute en furent-ils aussi les premières victimes. Plus tard, au Moyen-âge, les troupes anglaises débarquèrent fréquemment au Chef-de-Caux pour aller mettre le siège devant le port royal d’Harfleur considéré comme la clef du royaume de France, et les habitants de cette cité ne furent assurément pas épargnés par les exactions de ces envahisseurs venus d’outre-Manche.

 

 

 

 

Il en reste néanmoins que cette position privilégiée, en raison de l’abri naturel constitué par un cap de la Hève beaucoup plus avancé dans la mer qu’il ne l’est aujourd’hui, a permis au port de « Quief de Caux » de jouer un rôle essentiel tout autant dans le domaine commercial, — « Au Chef-de-Caux, on allégeait les nefs, notamment les nefs d’Espagne. Là s’arrêtent les plus gros navires, qui ne peuvent ou ne veulent se risquer dans l’estuaire.3 » — que sur le plan militaire — « Le port du Chef-de-Caux était, au commencement du XIVe siècle, gardé par un bon nombre d’officiers et de soldats, ce qui dénote encore une importance considérable au point de vue militaire (…) Or, parmi les nefs envoyées à cette bataille (de l’Écluse), se trouvaient trois bateaux armés au Chef-de-Caux et commandés par des habitants de cette ville.4»

 

Eboulement de falaise

Et puis, à une date généralement estimée par les historiens locaux entre 1369 et 1374, cédant sans doute aux assauts séculaires des marées et des vents, cette partie du promontoire qui, depuis si longtemps, fournissait un asile aux habitants et un refuge aux navires, sombra dans la mer, emportant dans un raz-de-marée meurtrier une large partie du village et son église, contraignent les survivants à chercher refuge plus à l’intérieur dans le creux du vallon sur des terres que mit à leur disposition le seigneur de Vitanval, responsable et solidaire. Pour quelle raison, dans quelles circonstances le petit village, bientôt reconstruit autour d’une nouvelle église prit-il le nom de Sainte-Adresse ? C’est là un réel et coriace mystère au sujet duquel Alphonse Martin, écartant la légende de l’équipage affrontant la tempête aurait invoqué une sainte-Adresse inventée pour la circonstance, car « seule une grande adresse était en pouvoir de nous faire rentrer dans le port », donne une explication, certes un peu plus « logique », mais qui reste à prouver : « L’étymologie de Sainte-Adresse est certainement laïque. Au XVe siècle, « ceynt » ou « caint » étaient synonymes de « ceinture ». Si l’on observe que le cap ou grouin de Caux devait servir d’adresse, suivant l’ordonnance de Charles V établissant un feu ou foyer à cet endroit, on peut supposer que le vallon de Sainte-Adresse se trouvait dans la ceinture de l’adresse : Sainte-Adresse5»

 

Manoir de Vitanval 2

 

 

Il semble néanmoins qu’en dépit de la catastrophe qui avait détruit la presque totalité du village, le Chef-de-Caux et ce qui restait de son port, qui deviendra le fameux « port aux bateaux », conserveront néanmoins un temps, parallèlement à la nouvelle Sainte-Adresse, une activité, qui déclina cependant peu à peu, se tournant vers la pêche avant d’être totalement abandonnée. « On apercevait à l’ouest de la ville le clocher de Notre-Dame de Sainte-Adresse, qui avait succédé à celle de Saint-Denis du Chef-de-Caux, disparue comme on le sait sans que toutefois l’ancienne paroisse ait été supprimée tout à fait, car il est certain que, pendant les XVe et XVIe siècles, deux bourgs avaient continué à subsister sous les titres des deux paroisses6»

1) Sans en fixer la date précise, les historiens situent généralement cet événement meurtrier entre 1369 et 1374.

2) Le type d’embarcation qu’utilisaient les Vikings pour la navigation en haute mer s’appelaient « knörr » (pluriel : knörir). L’expression « drakkar » est une invention du XIXe siècle.

3) « Histoire du Havre et de l’estuaire de la Seine », Collectif, 1983.

4) « Histoire du Chef-de-Caux et de Sainte-Adresse », Alphonse Martin, 1881.

5) « Histoire du Chef-de-Caux et de Sainte-Adresse », Alphonse Martin, 1881.

6) « IVe centenaire du Havre », Alphonse Martin, 1917.

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Je recherche tout indice sur l'a présence de comptoir Viking dans le pays de Caux, avant l'an 800. Cent ans avant leurs raids, les Vikings Danois avaient la capacité d'atteindre le pays de Caux et de nouer des relations commerciales. De plus notre région ressemble beaucoup à leur pays - Falaises de Moon.. Le climat Normand a inciter des marins à s'y installer >> Une femme dans chaque port ! Merci.
Répondre
E
Super interessant, merci pour toutes ces informations.
Répondre
D
Très intéressant... Je suis une passionnée...
Répondre
Publicité